Budget 2026 — Débat en commission avec le ministre des Affaires étrangères : Qui a dit que la Tunisie n’a pas de diplomatie économique ?
Le débat en commission avec le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Mohamed Ali Nafti, hier, dans le cadre du projet de budget 2026, a permis de dissiper le doute — si doute il y a — sur la diplomatie économique, d’ores et déjà une constante dans l’action diplomatique tunisienne.
La Presse — C’est ce qui a été constaté, au terme de 5 heures de discussions entre le chef de la diplomatie tunisienne et les membres de la Commission des relations étrangères, de la coopération internationale, des Tunisiens de l’étranger et des migrations relevant de l’Assemblée des représentants du peuple et ceux de la Commission des investissements et de la coopération internationale du Conseil national des régions et des districts, réunis hier au Palais du Bardo.
« La Tunisie a entamé un travail d’évaluation de l’accord d’association avec l’Union européenne, signé en 1995, notre partenaire le plus proche géographiquement », a-t-il déclaré, précisant que l’action diplomatique se poursuivra pour diversifier nos partenaires économiques, que ce soit avec la Chine, le Japon et la Corée du Sud, ou avec les pays de l’Europe du nord ou encore les pays africains, qui présentent de nombreuses opportunités dans le cadre du Comesa et de la Zlecaf.
Le ministre a souligné l’effort particulier de son administration, désormais forte d’une direction générale en charge de la coopération économique et culturelle, pour promouvoir l’huile d’olive tunisienne, mais aussi les dattes et les agrumes, pour explorer de nouveaux marchés et nouer de nouveaux partenariats.
Parmi les dimensions économiques non moins importantes, le ministre a cité la transition énergétique verte et la digitalisation, entre autres, dans la modernisation des services consulaires. Il a rappelé, au passage, la participation particulière de la Tunisie à l’Exposition universelle 2025 à Osaka (Japon) qui a permis d’accueillir plus de 500 mille visiteurs.
M. Nafti a également mis l’accent sur les compétences tunisiennes établies à l’étranger et le rôle de la diaspora, pour faire rayonner la Tunisie comme fournisseur de matière grise sur le marché de l’emploi international, mais également pour conforter les recettes en devises et contribuer à l’effort d’investissement. « C’est la vraie richesse de la Tunisie », a-t-il laissé entendre, fruit d’un investissement de plusieurs décennies dans le savoir et l’éducation.
Lors des débats, le ministre a été interpellé sur de nombreux points en rapport avec la diplomatie économique, mais également sur l’activité diplomatique et consulaire en général. Il a été aussi interrogé sur la réaction de la Tunisie après la hausse des tarifs douaniers décidée par les Etats-Unis. Plusieurs députés ont soulevé la complémentarité des rôles entres diplomates et parlementaires, appelant à être associés aux programmes de formation dans ce domaine, ainsi qu’à la participation aux activités et aux événements diplomatiques importants.
En réponse aux différentes questions, qui nécessiteraient, selon le ministre, « beaucoup plus de temps » qu’une séance de quelques heures, Mohamed Ali Nafti a rappelé le principe général qui régit l’action diplomatique, soit de contribuer à chaque démarche en mesure d’être bénéfique à la Tunisie et aux Tunisiens, en l’occurrence avec les pays voisins. « Nous ne nous ingérons pas dans les affaires intérieures des Etats, mais nous souhaitons que la paix et la stabilité soient restaurées en Libye… »
Il a également rappelé la position constante de la Tunisie aux côtés du peuple palestinien et son droit d’établir son Etat souverain sur l’ensemble de son territoire avec Al-Qods comme capitale. Plusieurs députés ont valorisé cette prise de position de la Tunisie.
Concernant les relations avec l’Union européenne, M. Nafti a déclaré que des négociations vont s’ouvrir dans des domaines bien précis, « mais nous comptons d’abord évaluer ce qui a été accompli jusqu’à présent ».
«Avec l’Union européenne, nous voulons entretenir des relations d’égal à égal, en tenant compte du développement réalisé en Tunisie. Nous souhaitons introduire une nouvelle approche, que ce soit au niveau commercial, financier, industriel, etc.», a détaillé le ministre.
S’agissant de négociations, le ministre a également indiqué qu’une démarche a été enclenchée avec la partie américaine afin de défendre les intérêts tunisiens et trouver une entente concernant les tarifs douaniers augmentés il y a quelques mois.
Dans une interaction avec une élue, Rym Sghaier, le ministre a apprécié la proposition de mettre en place une cartographie pour l’investissement, sur la base de la nouvelle délimitation des districts, question d’orienter les investissements par spécialité régionale.
A la fin de la réunion, les députés et le ministre ont exprimé des convergences de points de vue pour mettre en place un comité conjoint entre les deux commissions parlementaires chargées des affaires étrangères et les départements ministériels des Affaires étrangères et de l’Economie.