La jeunesse de Tozeur s’en inspire Esprit Chéraït, es-tu là ?
Lundi 3 novembre. Ce jour, on commémore le premier anniversaire du décès d’Abderrazak Chéraït. Cet événement a été ressenti comme une grande perte pour le pays et plus particulièrement pour sa région d’origine, le Jérid, et plus spécialement Tozeur, qu’il a servis avec courage, détermination et abnégation et qui lui doivent une véritable résurrection qui renoue avec le lustre d’un passé prestigieux.
Les réalisations de Chéraït en tant qu’homme d’affaires, de maire et de député sont trop nombreuses et sont surtout trop bien connues de tous, et pas seulement dans cette partie de la Tunisie, pour être rappelées ici avec leurs retombées sur le plan économique, social et culturel. Mais son legs le plus important, au vu d’un événement récent, n’est peut-être pas encore suffisamment visible. Il s’agit d’un état d’esprit qui vient de se manifester sur le terrain, surtout parmi la jeunesse, et qui est la meilleure garantie de pérennité pour l’œuvre de cet homme d’exception.
Le week-end des 18 et 19 octobre dernier, les rues et places de Tozeur ont bruit du remue-ménage d’une vaste opération de nettoyage qui a concerné le noyau historique de la cité connu sous l’appellation de quartier d’El-Houaddef, le centre-ville ainsi que le parc el Kaâbi, situé à l’orée de l’oasis, dans le voisinage de l’aéroport, au lieu-dit Ras El-Aïn, à la naissance de l’oued qui irrigue les parcelles de la palmeraie, là où le grand Aboulkacem Chebbi aimait à se retirer pour chercher l’inspiration au sommet de rochers qui surplombe la source.
Pour sa part, la municipalité est intervenue dans le périmètre oasien pour assainir les rivages de l’oued, auparavant encombrés de détritus divers, rebuts de matériaux de constructions et déchets plastiques. Des citoyens se sont spontanément chargés de nettoyer les trottoirs, d’en rafraîchir la signalisation peinte et tel artiste a pris en charge la restauration du monument à Ibn Chabbat dont la statue a été pourvue d’une main manquante !
L’esprit d’engagement citoyen parmi les habitants de Tozeur est un héritage direct d’Abderrazak Chéraït
Cette opération a été menée par environ 150 jeunes, filles et garçons mêlés, au terme d’une campagne de sensibilisation et de mobilisation menée essentiellement sur les réseaux sociaux par des associations (scouts, Croissant-Rouge, Club de télévision, Club de l’environnement d’une école primaire, sans compter les «influenceurs» qui se sont investis eux aussi pour assurer le succès de l’opération.) La maison des jeunes de la ville a, pour sa part, assuré la coordination entre les différentes parties prenantes dans cette action basée sur le volontariat.
Quel bilan pourrait-on tirer de cette opération ? Matériellement, le résultat obtenu en matière d’hygiène et de beauté du paysage urbain et oasien est un acquis visible et même quantifiable au regard du volume de collecte des déchets. C’est très important pour une ville et une région qui se remettent tout juste d’une dure traversée du désert en matière de fréquentation touristique et qui aspirent, au moins, à retrouver le niveau d’avant-Covid-19 en termes d’arrivées et de nuitées.
Il faut également enregistrer l’exemplarité de l’opération. L’enthousiasme des jeunes volontaires qui se sont mobilisés durant ces deux jours et leur imitation par des adultes ne manqueront sans doute pas de constituer un exemple qui sera suivi par d’autres citoyens à la première occasion qui leur sera offerte.
Les responsables de la maison des jeunes n’entendent effectivement pas s’en tenir aux résultats obtenus. Ils se proposent déjà d’organiser à Tozeur, courant décembre prochain, une rencontre nationale d’«influenceurs» pour une sensibilisation à grande échelle à la problématique de l’hygiène et de l’environnement et de remettre à l’ordre du jour d’autres campagnes de propreté à Tozeur.
Il n’y a nul doute que cet esprit d’engagement citoyen qui a si rapidement et si efficacement trouvé son chemin parmi les citoyens de Tozeur est un héritage direct de celui qui, sa vie durant, a animé feu Abderrazak Chéraït. La graine qu’il a semée sous ces latitudes a germé et commencé à porter ses fruits. L’entretenir est le meilleur moyen de perpétuer le souvenir de celui à qui la ville et la région doivent leur rédemption et la plus belle manière de lui témoigner leur reconnaissance.
Tahar AYACHI