La Résilience tunisienne à l’épreuve des failles
Au cœur des turbulences économiques mondiales, la Tunisie dessine une singularité : celle d’une résistance opiniâtre. C’est en tout cas le constat porté par Abdallah Dardari, directeur régional du PNUD pour les pays arabes, lors de son intervention sur Mosaïque FM ce jeudi 6 novembre. Loin des clichés sur les économies émergentes, il esquisse le portrait d’un pays qui tient debout, mais dont la robustesse n’exclut pas les fragilités.
Si les chiffres parlent d’eux-mêmes exportations dynamiques, afflux touristique renforcé, investissements étrangers et privés en hausse , ils ne suffisent pas à résumer la situation. « Ces indicateurs sont encourageants », concède Dardari, avant de nuancer : la croissance, bien réelle, bute sur plusieurs écueils. Pour seulement stabiliser un chômage qui frôle les 15,3 %, il faudrait viser une progression du PIB dépassant 4,5 % annuels. Un objectif ambitieux, dans un environnement marqué par des guerres commerciales et des recompositions géoéconomiques.
Mais au-delà des pourcentages, c’est la nature même de cette croissance qui interroge. Est-elle inclusive ? Répartie équitablement entre le littoral et l’intérieur des terres ? Est-elle durable, ou se fait-elle au détriment du capital environnemental ? Autant de questions que le responsable onusien pose sans détour, suggérant que la performance économique ne vaut que si elle s’accompagne d’un progrès partagé et responsable.
Autre point d’attention soulevé par Dardari : le recul de la productivité, un mal qui n’épargne pas la Tunisie et frappe aussi plusieurs économies arabes et européennes. Une tendance inquiétante, qui pourrait, à terme, rogner les fondements de la résilience tant vantée.
Ainsi, derrière les succès apparents se cache une réalité plus contrastée. La Tunisie résiste, certes, mais son équilibre reste précaire. Et si sa force actuelle résidait justement dans sa capacité à regarder ses faiblesses en face ?