Projet de budget 2026 – Débat général : L’hémicycle en ébullition…
Après la séance plénière inaugurale de mercredi matin, l’effervescence était remarquable lors du débat général sur les projets de budget de l’Etat et de budget économique de 2026, enclenché mercredi après-midi avec les élus du Conseil national des régions et des districts et qui s’est poursuivi hier avec les députés de l’Assemblée des représentants du peuple.
La Presse — Une quasi-majorité des intervenants a reproché à la Cheffe du gouvernement Sarra Zaâfrani Zenzri son absence des débats, alors qu’ils attendaient avec impatience l’occasion des discussions budgétaires pour se faire entendre, surtout que nombreuses questions écrites adressées au gouvernement n’ont pas reçu de réponse, sinon tardivement, selon les témoignages des députés.
Pour autant, le gouvernement était constamment représenté soit par les nombreux ministres présents dans l’hémicycle soit par les cadres supérieurs du Premier ministère et des autres départements qui, depuis la mezzanine du Palais du Bardo, prenaient des notes en vue de répondre aux questions et aux préoccupations des députés.
Il y a lieu de noter, en revanche, une pratique assez courante chez les élus qui consiste à poser sa question, et ensuite quitter la salle —chacun aurait peut-être ses raisons—, sans attendre la réponse, voire sans écouter les autres collègues. Il en résulte de nombreuses répétitions et des redondances qui auraient pu faire gagner du temps à tout le monde. Multipliez 5 minutes pour chacun des 161 députés et 77 membres du Cnrd !
Au niveau du fond, les interventions des députés ont touché à tout ou presque, des problèmes les plus élémentaires aux plus stratégiques, du structurel au conjoncturel, du central au régional et local, le discours parfois virulent, parfois modéré, parfois nuancé, le ton parfois élevé, mais sans atteindre des seuils irréparables.
La question le plus souvent soulevée tournait autour de la mise en œuvre de la dimension sociale du développement économique, où comment faire bénéficier le citoyen des progrès observés au niveau de la performance économique? Certains députés considéraient qu’un budget avec une composante fiscale dépassant les 90% des recettes ne peut être social, appelant à alléger la pression fiscale sur les salariés et les entreprises et suggérant à l’Etat de chercher d’autres ressources que d’alourdir le budget des ménages par des «innovations fiscales».
Un autre député a appelé, dans ce contexte, à renoncer à l’endettement intérieur et extérieur car, selon lui, il ne peut y avoir de «dignité et de souveraineté à crédit !»
«C’est par l’investissement et les projets de développement que l’on crée de la richesse», a considéré un autre intervenant, une remarque générale et un reproche partagés par plusieurs intervenants au débat sur le projet de budget qui n’a consacré, chiffres à l’appui, que peu de ressources — par rapport à l’aspect social—, pour les projets de développement.
Les élus ont évoqué de nombreux projets en suspens dans plusieurs régions, appelant le gouvernement à les relancer rapidement, surtout que les financements de ces projets avaient été débloqués et que tout retard implique un renchérissement.
C’est un projet de budget qui «manque d’innovation» pour certains députés et qui «calque d’anciens modèles comptables», avec beaucoup de «sur place», sinon, où sont les codes promis par les anciennes équipes gouvernementales, dont, le code de change, le code d’investissement, le code des eaux, etc.
Dans ce contexte, les députés ont appelé à la mise en place d’un nouveau modèle de développement tenant compte de la réalité tunisienne et non pas «importé».
Parmi les problèmes qui persistent, les députés ont évoqué l’exportation de l’huile d’olive en vrac qui bénéficie à d’autres pays concurrents, alors que la Tunisie demeure méconnue sur certains marchés, entre autres africains. Un député a appelé à mettre le paquet dans «l’or vert», avec davantage de promotion et de soutien à l’exportation d’huile d’olive emballée et valorisée.
Problème persistant aussi, au niveau des circuits de distribution conjugué à la vente à perte par les agriculteurs, dont les agrumes au Cap Bon. Des députés ont relevé des capacités limitées du marché de gros à absorber la récolte en cas d’abondance, d’autres ont appelé à mieux maîtriser la technique de stockage.
Des élus ont également appelé à améliorer les infrastructures, comme par exemple en étendant le réseau ferroviaire de Gabès à Médenine et Tataouine, cette région souffrant du taux de chômage le plus élevé (32%), a déploré un élu régional, mettant l’accent sur la richesse de la région en ressources hydriques souterraines et le potentiel agricole.
L’on a appelé aussi à valoriser et à exploiter le potentiel touristique et culturel dans plusieurs régions, dont le Nord-Ouest du pays.
Bien d’autres questions ont été soulevées pendant les deux premiers jours du débat général, dont l’importance de la valorisation des ressources nationales, la lutte contre la fraude, la contrebande et le marché parallèle, l’amélioration du niveau de vie du citoyen et de son pouvoir d’achat, la discrimination positive qui ne doit pas être au détriment des régions considérées comme favorisées à l’instar de Sousse et du Sahel, l’accès à l’eau potable, l’allègement des factures d’électricité par l’encouragement à l’utilisation du potentiel renouvelable, etc.