Le marché automobile tunisien serait entre les mains de seulement dix familles, affirme Dhiaa Khalafallah, membre de l’organisation ALERT. Ces familles exerceraient un contrôle sur l’ensemble des étapes du secteur, de l’approvisionnement à la distribution, en passant par l’assurance, le leasing et l’octroi de crédits automobiles.
Un marché étroitement verrouillé
Selon Dhiaa Khalafallah, le fonctionnement du marché tunisien des voitures reste très centralisé, et ce, avant comme après la révolution. “Les réseaux de distribution et de financement des véhicules seraient dominés par ce petit groupe, empêchant une réelle concurrence et limitant l’accès des citoyens aux véhicules à des prix raisonnables”, a-t-il indiqué, dans une déclaration accordée mardi 2 décembre 2025 à la Radio Nationale.
Khalafallah a ajouté que l’impact de ce contrôle se ressent directement sur les consommateurs. Dans certains cas, des voitures d’occasion se vendent plus cher que des véhicules neufs. “C’est incroyable, mais c’est la réalité du marché aujourd’hui”, souligne Dhiaa Khalafallah, tout en ajoutant que le système actuel contribue à créer un marché artificiellement tendu, où les mécanismes de consommation et d’investissement restent captifs.
Dans ce même cadre, il a ajouté que ces dix familles auraient des liens dans plusieurs secteurs clés : assurances, banques et leasing. Elles gèrent ainsi près de 73 % du marché des véhicules, 72 % du marché de l’assurance et 78 % du marché du leasing, selon les données relayées par ALERT. Ce verrouillage économique limite les possibilités pour le citoyen moyen de s’insérer dans le marché, tout en générant des profits considérables pour une minorité.
Il est à rappeler que l’organisation ALERT a publié une étude détaillée sur sa page Facebook, révélant ces dynamiques. Le sujet a également été abordé ces derniers jours lors d’un débat à l’Assemblée des représentants du peuple, soulignant l’importance de réformes pour un marché plus transparent et accessible.
Et selon les dernières statistiques, le marché automobile tunisien a enregistré une forte progression durant les dix premiers mois de 2025, avec 77 112 véhicules écoulés contre 64 842 sur la même période en 2024, ce qui représente une activité économique importante, mais concentrée entre quelques mains. “Le contrôle exercé par ce cartel explique en grande partie les prix élevés des véhicules en Tunisie”, a-t-il souligné, tout en mettant en lumière la nécessité d’un système plus juste et ouvert. Selon lui, les mécanismes actuels favorisent une minorité et freinent la consommation, alors que le marché pourrait profiter à l’ensemble de la population si les barrières étaient levées.