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Génie militaire : Le bras stratégique de la nouvelle Tunisie

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  • 4 décembre 17:45
  • 6 min de lecture
Génie militaire : Le bras stratégique de la nouvelle Tunisie

Lors d’une récente rencontre avec le ministre de la Défense nationale, le Président Kaïs Saïed a suivi l’avancement de deux projets emblématiques. Il s’agit du curage de l’oued Medjerda et la restauration des Bassins des Aghlabides à Kairouan.

Ces chantiers, supervisés par le Génie militaire, allient sécurité hydraulique, protection du patrimoine et aménagement stratégique, incarnant la volonté de l’État de sécuriser les territoires et de préparer l’avenir de la Tunisie.

La Presse —Le dragage de l’oued le plus important en Tunisie, celui de la Medjerda, constitue aujourd’hui l’un des chantiers les plus importants et les plus sensibles du pays. S’étendant sur 91 km, entre Batten, Jdeida et Kalaât El Andalous, le projet vise à porter le débit du fleuve à 600 m³ par seconde, avec un objectif final de 800 m³.

En retirant les sédiments accumulés depuis des décennies, l’opération doit permettre d’améliorer l’écoulement de l’eau, de prévenir les inondations récurrentes et de sécuriser les zones agricoles du nord, vitales pour l’économie nationale. Mais l’oued Medjerda présente aussi un risque d’inondations très élevé.

L’oued Medjerda ou l’enjeu stratégique

Conscient des risques liés à chaque saison de pluies intenses, le Président Kaïs Saïed a insisté, lors de sa rencontre mardi avec le ministre de la Défense, pour que les travaux de ce projet, supervisés par le Génie militaire, soient menés à un rythme soutenu.

Il s’agit, assurément, d’un grand projet prioritaire où aucun retard ne peut être toléré.

En effet, en lançant un programme de curage et de réhabilitation sur près de 90 kilomètres, les autorités tentent ainsi de répondre à une vulnérabilité devenue structurelle, car chaque année, l’oued Medjerda déborde, inonde des zones densément peuplées, bloque les routes et ravage des milliers d’hectares agricoles. La vallée, poumon agricole du pays, est aussi l’une des zones les plus exposées aux crues soudaines.

L’oued en question, d’une longueur de 312 km sur le sol tunisien, est, selon certaines études, le seul cours d’eau pérenne du pays. Son bassin, qui couvre une superficie totale de 23.700 km2 (dont 1/3 se trouve en Algérie), est situé dans les régions du Nord où les précipitations sont relativement élevées.

Par conséquent, il constitue parallèlement une source d’approvisionnement en eau particulièrement importante pour la Tunisie qui souffre du stress hydrique en raison du réchauffement climatique.

Nonobstant, et au-delà de l’aspect technique consistant à augmenter la capacité d’écoulement du fleuve et à réduire la charge de sédiments, se profile un enjeu stratégique. Il s’agit de protéger un bassin qui conditionne directement la sécurité alimentaire et la stabilité économique du nord du pays.

La coopération avec le Japon, qui finance une partie du projet par le biais de l’Agence japonaise de coopération internationale depuis 2021, illustre la dimension internationale du dossier et l’intérêt accordé à la prévention des risques hydriques.

Alors que les épisodes climatiques extrêmes se font de plus en plus fréquents, l’oued Medjerda apparaît comme un véritable baromètre de la capacité de l’État à anticiper plutôt qu’à subir et le stress hydrique et l’inondation. Maîtriser ce fleuve imprévisible reviendrait donc à renforcer la résilience nationale, tandis que le laisser se détériorer exposerait le pays à des crises répétées. C’est précisément ce que le Chef de l’État cherche à garantir en insistant sur le respect des délais de réalisation de ce projet.

Réhabiliter les Bassins des Aghlabides 

Dans la même logique du suivi et d’accélération des projets en cours, le Chef de l’État a évoqué avec le ministre de la Défense l’avancement d’un autre chantier emblématique qui consiste en la restauration des Bassins des Aghlabides à Kairouan. 

Après des années d’études et maints reports, ce site historique classé patrimoine mondial faut-il le rappeler, connaît depuis environ quatre mois une restauration en profondeur menée conjointement par le Génie militaire et l’Institut national du patrimoine grâce à un financement du Fonds saoudien pour le développement.

Etalé sur deux ans, ce projet transformera les Bassins des Aghlabides en un complexe hydraulique et culturel unique au monde avec des espaces verts, des aires de détente, des éclairages sophistiqués, des aménagements récréatifs, des parcours immersifs, mais aussi avec des dispositifs visant à limiter les effets de la salinité et de la montée de la nappe phréatique.

Cette métamorphose ambitionne de redonner à ce chef-d’œuvre édifié vers 860-862, sous le règne du souverain aghlabide Abou Ibrahim Ibn Al Aghlab, son rôle de pôle d’attractivité, alliant ingénierie antique et valorisation contemporaine.

Ce chantier revêt une dimension symbolique pour Kaïs Saïed. Lors de sa visite à Kairouan en octobre 2024, il a déploré l’état de dégradation des bassins à cause des fissures, des détritus, des murs délabrés, et dénoncé la lenteur des études ayant englouti des ressources publiques sans résultat concret.

«Le temps des études est fini», avait-il martelé, instruisant le Génie militaire de reprendre la main pour mener à bien la restauration.

Aujourd’hui, les travaux avancent dans une dynamique qui reflète la vision présidentielle. Il est question d’aller droit à l’essentiel, lever les obstacles et livrer des projets qui répondent aux besoins de la population.

Il faut bien souligner et rappeler à ce propos que cette mobilisation du Génie militaire ne se limite pas à ces deux sites. Elle s’inscrit dans une stratégie plus large impulsée depuis le 25 juillet 2021, où le Président a fait de la lutte contre les blocages bureaucratiques et contre les lobbies la condition sine qua non de la relance nationale. 

De Tunis à Kébili, en passant par Sfax et Kairouan, les équipes du Génie militaire multiplient les interventions. On citera dans ce cadre la restauration de la mosquée de La Kasbah, le réaménagement de la piscine du Belvédère et de la place Pasteur, la rénovation de la maison de la culture Ibn-Khaldoun, la création d’un hôpital de campagne à Bir Ali Ben Khalifa, les aménagements urbains de la Place Mongi-Bali  et la la Place Barcelone, ou mieux encore la transformation de Rjim Maâtoug en oasis productive au cœur du désert tunisien.

La sollicitation du Génie militaire, on ne cessera jamais de le rappeler, reflète indubitablement un savoir-faire reconnu, alliant discipline et rigueur technique, souvent dans des délais qualifiés de records. Chaque mission accomplie traduit un engagement concret au service de la nation.

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Auteur

Samir DRIDI