Comptes en devises pour les Tunisiens résidant en Tunisie : Quel impact sur le taux de change en devises ?
En dépit des risques de rejet à l’ARP en raison de son impact potentiel sur les réserves de devises strictement réglementées en Tunisie, l’article relatif à l’ouverture de comptes en devises pour les Tunisiens résidant dans le pays a été approuvé par l’ARP.
Selon cette nouvelle disposition additionnelle du PLF 2026, toute personne physique de nationalité tunisienne pourra, si le projet de loi est définitivement adopté – c’est-à-dire une fois approuvé dans sa version actuelle par le ministère des Finances et après publication des textes d’application – ouvrir un compte auprès d’un intermédiaire agréé. Ce compte pourra être alimenté soit à partir d’un autre compte en devises, soit en dinars convertibles, ou encore via le montant de l’allocation touristique annuelle.
Cependant, si ce projet de loi venait à être promulgué sans ajustement, son application pourrait poser problème. Selon l’expert-comptable Sofiene Werimi, la version actuelle comporte des incohérences : elle fait notamment référence aux anciens articles 16 et 18 de la loi de 1976, sans lien direct avec les questions de devises. Par ailleurs, son application nécessiterait la modification du décret actuel d’application de la loi de change, relevant du ministère des Finances.
De plus, ce projet semble se superposer à des dispositifs existants relatifs aux comptes en devises, ce qui soulève la question de sa réelle valeur ajoutée. Sur le plan macroéconomique, l’ouverture de ces comptes pourrait accroître la pression sur les réserves de devises, alors que ces dernières doivent être préservées pour financer les importations vitales et soutenir les secteurs stratégiques de l’économie.
La conséquence logique d’une circulation accrue des devises sur les circuits officiels serait une baisse de la valeur du dinar, entraînant une hausse du taux de change et alourdissant le coût des opérations de change et des transactions commerciales dans plusieurs secteurs économiques et stratégiques.
“Dans le contexte économique actuel, le débat et l’adoption de ce projet de loi par l’ARP auraient pu être différés. Il existe d’autres priorités plus importantes pour notre pays”, conclut Sofiene Werimi.