Industrie des cosmétiques : La Conect appelle à une mise à niveau du secteur
Lors d’un point de presse tenu récemment au siège de la confédération, les membres du groupement des fabricants de cosmétiques ont appelé à la mise en place d’un cadre réglementaire organisant le secteur ainsi qu’à l’allègement de la pression fiscale pesant sur les industriels locaux.
Des mesures nécessaires, qui visent, d’après eux, à préserver la compétitivité et la pérennité du produit cosmétique tunisien.
La Presse — «La fabrication de cosmétiques n’est pas une industrie de luxe. Outre les produits de parfumerie, elle englobe des produits d’hygiène corporelle à usage quotidien, tels que les dentifrices, le savon, les shampoings…
C’est un secteur porteur et nous pouvons créer des champions nationaux capables de concurrencer des marques de renommée internationale», a déclaré Aslan Berjeb, président de la Conect, en ouverture de la conférence de presse récemment organisée par le groupement professionnel des industriels des produits cosmétiques pour mettre en lumière les défis de l’industrie cosmétique en Tunisie.
Plusieurs défis
Avec plus de 10 mille emplois et 600 entreprises, la fabrication de cosmétiques constitue une industrie locale à part entière, qui contribue fortement à l’économie nationale. Mais ce secteur à fort potentiel est aujourd’hui confronté à plusieurs défis pénalisant les producteurs locaux.
En effet, les membres du groupement relevant de la Conect ont déploré une pression fiscale élevée exercée sur les fabricants tunisiens, qui a eu des répercussions directes sur leur compétitivité sur le marché. Passant de 24 % en 2015 à 15 % en 2020, la baisse de leurs parts de marché a profité au secteur informel dont le poids a progressé de 23 % à 35 % sur la même période.
Outre les droits de douane appliqués aux matières premières et aux articles d’emballage importés, certains produits cosmétiques, tels que les parfums, les soins de la peau et le maquillage, sont soumis à des droits de consommation de 25 %. Cette taxe, instaurée en 2018, s’applique aussi bien aux produits importés qu’aux produits fabriqués localement.
«Si l’État, dans un souci d’augmenter ses recettes fiscales à court terme, a opté pour l’instauration de telles mesures, leur impact serait négatif sur le tissu industriel local. Elles se sont répercutées sur les prix des produits locaux et donc sur leur compétitivité. Cette situation a contribué au développement du commerce informel et de l’évasion fiscale. Sur le moyen terme, ces augmentations se traduisent par un manque à gagner fiscal et, surtout, par un risque pesant sur la pérennité des entreprises du secteur », a averti le président de la Conect.
Annuler le régime de monopole sur l’alcool
Par ailleurs, les membres du groupement ont déploré l’absence d’un cadre réglementaire organisant la filière. Hormis les normes recommandées par l’Inorpi, le secteur n’est soumis à aucune réglementation obligatoire garantissant la sécurité sanitaire du consommateur.
Ce vide juridique a favorisé, selon eux, une concurrence déloyale exacerbée par le développement du secteur informel. C’est pourquoi le groupement appelle à l’élaboration et à la mise en place d’un arsenal législatif inspiré des standards internationaux, notamment les normes européennes et américaines.
Les producteurs locaux demandent également la suppression du droit de consommation appliqué à certains produits cosmétiques, ainsi que l’exonération des droits de douane sur les matières premières et les articles d’emballage importés.
Ils recommandent par ailleurs d’annuler le régime de monopole sur l’alcool, un système qui limite, d’après leurs dires, leur capacité à choisir la qualité de l’alcool importé, engendre des lourdeurs administratives pénalisantes et entraîne une hausse du coût de cette matière première indispensable à la fabrication de la majorité des produits cosmétiques.