Le secteur du leasing en Tunisie a maintenu une dynamique positive en 2024, enregistrant une progression des mises en force (contrats dont la facturation est entrée en vigueur) de 10,4 %, pour atteindre 2 387 millions de dinars (MD), selon le rapport annuel sur la supervision financière publié samedi par la Banque Centrale de Tunisie (BCT).
Cette croissance, bien que soutenue, s’est révélée moins vigoureuse que celle des deux années précédentes (13,8 % en 2023 et 17 % en 2022). L’encours du crédit-bail a néanmoins poursuivi sa hausse, progressant de 9,3 % pour s’établir à 4 447 MD à la fin de l’exercice.
L’activité du leasing a été financée à hauteur de 74 % par des ressources d’emprunt, dominées par les emprunts bancaires qui représentent 58,5 % de ces ressources, contre 53,6 % en 2023. Les emprunts obligataires ont légèrement progressé pour atteindre 28 %, tandis que les ressources extérieures ont poursuivi leur repli, ne représentant plus que 11 % (contre 16,4 % en 2023 et 20,4 % en 2022).
Les ressources bancaires couvrent 43 % des crédits des établissements de leasing, les exposant à des risques de refinancement et de transformation d’échéances, ainsi qu’à un risque de taux notable : plus de la moitié (54 %) de leurs ressources sont à taux variables, alors que leurs emplois sont majoritairement à taux fixes.
En 2024, le profil de risque de crédit du secteur s’est légèrement détérioré, avec une hausse de 5,7 % de l’encours des créances classées, atteignant 418 MD. Cette évolution inclut toutefois des radiations de créances pour un montant de 25 MD. Ainsi, la part des créances classées s’est légèrement améliorée, passant de 9,1 % en 2023 à 8,9 % en 2024, grâce à l’augmentation du total des engagements (+7,6 %).
Le taux de couverture par les provisions s’est établi à 66,9 %, un niveau jugé satisfaisant. Les sociétés de leasing disposent en effet de garanties sur les biens financés, essentiellement du matériel roulant, limitant ainsi les pertes en cas de défaut.
L’année 2024 a enregistré une hausse de 4,1 % de la marge d’intérêt (+11 MD), une progression plus modeste qu’en 2023 (+6,1 %) et 2022 (+14,7 %). Cette évolution reflète à la fois un léger renchérissement du coût des ressources (+0,1 point) et une amélioration du rendement des crédits (+0,2 point), pour atteindre 13,3 %.
Le produit net de leasing s’est accru de 5,7 % (+16 MD), s’établissant à 311 MD, grâce notamment à la hausse des revenus sur portefeuille-titres (+22,4 %). Sur ce total, 39,5 % ont été affectés aux charges opérationnelles et 6,3 % à la couverture des risques de crédit-bail, contre respectivement 38,6 % et 7,4 % en 2023. De fait, le résultat net global du secteur a progressé de 3 %, atteignant 106,2 MD, malgré la hausse du coefficient d’exploitation et une augmentation de 29 % de l’impôt sur les bénéfices.
La rentabilité du secteur a légèrement reculé : le rendement des fonds propres (ROE) s’est établi à 13 % contre 13,6 % en 2023, et le rendement des actifs (ROA) à 2,2 % contre 2,3 % un an plus tôt. Les fonds propres nets se sont toutefois renforcés de 2,4 %, atteignant 858 MD à fin 2024, intégrant la distribution de 54 MD de dividendes, soit 51 % du résultat net du secteur (contre 47 % en 2023).
Conformément à la circulaire n°2025-01, les sociétés de leasing ont constitué des provisions collectives de 63 MD, représentant 1,5 % de l’engagement courant (contre 1,3 % en 2023). Les fonds propres nets de base représentent désormais 84 % des fonds propres nets totaux, contre 81 % en 2023, traduisant une meilleure qualité des capitaux propres.
Le secteur du leasing conserve une marge de solvabilité solide, avec un ratio Tier 1 de 13,6 % et un ratio global de 16,1 % à fin 2024. La majorité des établissements affichent des ratios de solvabilité supérieurs à 15 %, tandis que l’ensemble des sociétés présentent des ratios Tier 1 supérieurs à 10 %, confirmant la résilience et la solidité structurelle du secteur.