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Auto Magazine

Une passion éternelle des tunisiens pour l’automobile: Des jouets aux clés de la liberté

  • 22 décembre 07:00
  • 5 min de lecture
Une passion éternelle des tunisiens  pour l’automobile: Des jouets aux clés  de la liberté

En Tunisie, la voiture dépasse le simple rôle de moyen de transport ; elle incarne une véritable icône culturelle, un signe de statut social et une source de passion qui s’épanouit dès l’enfance et se prolonge à l’âge adulte. Cet attachement indéfectible à l’automobile transcende les générations, donnant naissance à un marché dynamique, malgré les défis économiques et réglementaires.
Dès leur plus jeune âge, les enfants tunisiens nourrissent une fascination pour les voitures. Les jouets, les affiches et même les bruits des moteurs enrichissent leur quotidien, faisant de la voiture un objet de désir dès le départ. Ce n’est pas seulement une activité ludique, mais une première approche vers un avenir qui évoque autonomie et prestige.
À mesure qu’ils grandissent, ce rêve d’enfance se transforme en un objectif tangible, souvent considéré comme une étape cruciale de la vie adulte. La réussite sociale est étroitement liée à la possession d’un véhicule, qu’il soit flambant neuf ou d’occasion. Les jeunes s’investissent dans les forums, les revues, les réseaux sociaux et les plateformes en ligne, devenant de véritables spécialistes des modèles, des options et surtout des prix.
Le constat est implacable : l’acquisition d’une voiture est un marqueur fort de l’entrée dans la vie active et de l’indépendance, au-delà de sa fonction utilitaire.

Les raisons d’un engouement constant
Plusieurs facteurs, sociaux et structurels, expliquent cette flamme automobile. Le symbole d’ascension sociale et d’indépendance. La voiture est historiquement un signe extérieur de richesse et de succès en Tunisie. Dans un contexte où le transport public n’est pas toujours optimal, posséder son propre véhicule est synonyme de liberté de mouvement, d’efficacité et, surtout, de positionnement social. C’est l’outil qui permet de concilier vie professionnelle, familiale et loisirs. La culture de la mécanique et du «bricolage». De nombreux Tunisiens ont une relation très personnelle avec leur voiture, qui va au-delà du simple usage. Il existe une forte culture de la mécanique et de l’entretien. Les jeunes aiment comprendre, modifier ou entretenir eux-mêmes leur véhicule, développant des compétences et une fierté autour de leur machine. Les rassemblements de passionnés et les clubs de voitures classiques témoignent de cet attachement.

Un marché contraignant, mais stimulant
Paradoxalement, la difficulté d’acquérir une voiture neuve en raison des taxes élevées et de la faiblesse du pouvoir d’achat renforce l’attrait pour l’objet. Les prix exorbitants, souvent multipliés par sept par rapport à l’Europe pour certains modèles d’entrée de gamme, à cause des taxes comme la TVA et la taxe à la consommation, transforment l’achat en un véritable exploit, une consécration.
Cela alimente un marché de l’occasion très actif, où la recherche de «la bonne affaire» devient un sport national. Le rêve des «classiques» et la soif d’émotions ajoutent leur grain de sel. Un intérêt croissant pour les véhicules de collection se développe également. Pour beaucoup, posséder une voiture ancienne est une façon de se connecter à une autre époque, d’apprécier la “vraie conduite non assistée” et de préserver un patrimoine mécanique, prouvant que la passion ne s’éteint pas avec les nouveaux modèles.

Un marché en pleine mutation
Face à ce désir ardent, le marché évolue. Alors que les voitures asiatiques gagnent du terrain en raison de leurs prix plus accessibles, importées en devises étrangères (notamment le dollar américain), le segment de l’occasion connaît un essor fulgurant, complété par les importations via le mécanisme FCR (Facilité de Change Résident). En parallèle, l’émergence timide des voitures électriques symbolise un changement, même si le coût initial et l’infrastructure restent des freins. La passion des Tunisiens pour la voiture est donc une force motrice, un moteur d’ambition.
Elle continuera de modeler le paysage routier du pays, obligeant le marché et, potentiellement, les régulations à s’adapter pour rapprocher ce rêve tenace de la réalité. La relation des Tunisiens à l’automobile dépasse ainsi la simple utilité pour devenir un véritable phénomène culturel.
Entre rêve d’enfance, symbole d’indépendance, passion mécanique et quête de reconnaissance sociale, la voiture occupe une place centrale dans la société. Malgré les contraintes économiques et réglementaires, cette passion persiste et continue d’alimenter un marché en constante évolution. Plus qu’un moyen de transport, l’automobile reste pour beaucoup un moteur d’ambition, un signe de réussite et une part essentielle de l’identité moderne en Tunisie.

Auteur

Mohamed Salem Kechiche