Élevage bovin : Transformer la crise en opportunité
La Presse — Le secteur de l’élevage bovin tunisien traverse une période difficile, mais il ne se réduit pas à la crise.
Sécheresses récurrentes, hausse des coûts des intrants, structures fragiles… autant de failles longtemps ignorées mettent le secteur à rude épreuve.
Pourtant, ces défis offrent une chance unique de repenser et de moderniser une filière vitale pour l’économie rurale et la sécurité alimentaire du pays.
Ces efforts commencent par les hommes et les femmes du secteur, passionnés et déterminés, qui refusent toute défaite et restent prêts à innover pour assurer l’avenir de leur métier.
Inquiets mais déterminés, les éleveurs tunisiens refusent d’abandonner.
« Chaque année devient plus difficile, mais nous refusons de baisser les bras », confie un producteur de lait du Centre tunisien, soulignant que la passion pour l’élevage dépasse les seuls calculs économiques.
Certains dénoncent le coût élevé des intrants et la lenteur des aides gouvernementales, mais beaucoup expriment leur volonté de s’adapter : « Si l’on nous accompagne avec de meilleures formations, un accès au crédit et des circuits de commercialisation organisés, nous pourrons relever ce défi », explique un jeune éleveur.
A l’étranger, des stratégies innovantes ont permis à des filières similaires de se renforcer malgré des conditions difficiles.
En Espagne, des programmes de formation technique combinés à des subventions ciblées pour l’alimentation et la génétique ont permis aux petits éleveurs de stabiliser leurs troupeaux.
Aux Pays-Bas, l’intégration de technologies de suivi et de gestion des pâturages a optimisé les rendements tout en réduisant les coûts.
Ces exemples montrent qu’une approche proactive, combinant modernisation, organisation et soutien institutionnel, peut transformer la vulnérabilité en succès.
Pour la Tunisie, il ne s’agit pas de copier ces modèles, mais de s’en inspirer pour construire une filière adaptée à nos réalités.
La modernisation des exploitations, le développement de circuits de commercialisation organisés et la valorisation de la génétique locale sont des leviers concrets.
La production laitière et la filière viande, encore sous-exploitées, peuvent devenir des moteurs de croissance si elles sont accompagnées par une stratégie intégrée.
Les coopératives et associations d’éleveurs jouent ici un rôle crucial, en permettant aux petits exploitants de mutualiser leurs ressources, de négocier les prix et de sécuriser leur production.
Au-delà de la technique, le facteur humain est central. Les éleveurs doivent être impliqués dans la conception et la mise en œuvre de solutions, avec un accès renforcé à la formation, au crédit et aux outils de gestion.
Le rôle des pouvoirs publics est également clé : mesures d’urgence certes, mais surtout une vision à long terme qui combine soutien économique, planification des ressources fourragères et adaptation au changement climatique.
Cette crise, si elle est abordée avec lucidité et ambition, peut devenir un catalyseur de renouveau pour l’élevage tunisien.
Le secteur a le potentiel de redevenir un pilier de l’économie rurale, de renforcer la sécurité alimentaire et d’offrir des perspectives durables aux exploitants.
Avec des stratégies adaptées, une meilleure organisation et une volonté collective, l’élevage bovin en Tunisie peut transformer ses vulnérabilités actuelles en véritables opportunités de développement.