Entre autres défis majeurs… : Moderniser pour durer
Si le secteur de l’élevage bovin souffre de fragilités structurelles et de coûts croissants, il recèle également un potentiel considérable.
Modernisation des exploitations, amélioration de la génétique et organisation des filières peuvent transformer ces contraintes en opportunités durables pour les éleveurs et le pays.
La Presse — L’élevage bovin en Tunisie joue un rôle crucial dans l’économie agricole du pays. Il contribue à la production de viande rouge et de lait, assurant ainsi une part importante de la sécurité alimentaire nationale.
Malgré plusieurs défis, notamment climatiques et structurels, ce secteur continue d’évoluer grâce aux efforts des éleveurs et aux initiatives gouvernementales visant à moderniser la filière.
Un secteur à promouvoir
L’élevage bovin tunisien est constitué de deux segments principaux : l’élevage laitier, qui représente environ 80 % du cheptel bovin, avec un fort développement des races spécialisées comme la « Holstein » et la « Montbéliarde » et l’élevage à viande, qui reste moins développé et repose principalement sur des races locales et croisées.
Selon les dernières statistiques, la Tunisie compte environ 600.000 têtes de bovins, dont une grande partie est concentrée dans les régions du Nord et du Centre, où les conditions climatiques sont plus favorables.
La production laitière est l’un des piliers de l’élevage bovin en Tunisie. Elle couvre en grande partie les besoins nationaux en lait et en produits dérivés (yaourt, fromage, beurre). Le pays produit en moyenne 1,4 milliard de litres de lait par an, ce qui lui permet d’assurer une autosuffisance relative.
Le secteur laitier bénéficie de diverses aides publiques, notamment des subventions sur l’alimentation animale, des incitations fiscales pour l’importation de génisses améliorées et un encadrement technique pour l’amélioration de la productivité.
Cependant, la filière est confrontée à des défis majeurs, comme le coût élevé des intrants, la fluctuation des prix du lait et le manque de structuration du marché.
Elevage à viande, un potentiel sous-exploité
Contrairement à la filière laitière, la production de viande bovine est moins développée en Tunisie. Elle repose essentiellement sur des races locales et des croisements avec des races étrangères (Charolaise, Limousine), selon plusieurs éleveurs.
Le pays produit environ 50.000 tonnes de viande bovine par an, un volume insuffisant pour couvrir la demande nationale, ce qui entraîne une dépendance aux importations. Pour dynamiser ce secteur, des efforts sont faits pour encourager l’élevage en système intensif et semi-intensif.
Malgré son importance, l’élevage bovin tunisien fait face à plusieurs obstacles : le coût élevé de l’alimentation animale, notamment en raison de la dépendance aux importations de céréales et de soja, le changement climatique, qui impacte la disponibilité des pâturages et des ressources en eau, le manque de structuration de la filière, avec une chaîne de valeur encore désorganisée et une faible industrialisation de la production de viande et les difficultés d’accès au financement, freinant l’investissement dans les infrastructures modernes d’élevage.
Perspectives et solutions pour un élevage durable
Pour surmonter ces défis et assurer un avenir durable à l’élevage bovin, plusieurs pistes d’amélioration sont envisageables.
Cela passe par encourager la production locale d’aliments pour bétail afin de réduire la dépendance aux importations.
Il y a aussi la modernisation des exploitations en adoptant des pratiques d’élevage plus productives et respectueuses de l’environnement.
S’y ajoutent l’amélioration de la génétique des troupeaux en favorisant l’insémination artificielle et l’importation de races adaptées aux conditions locales.
Il faut aussi renforcer la structuration du marché par la mise en place de circuits de distribution plus efficaces et de meilleures infrastructures de transformation.
L’élevage bovin en Tunisie demeure un secteur stratégique pour l’économie nationale. S’il rencontre plusieurs défis, il offre également des opportunités de développement grâce aux politiques publiques, aux innovations technologiques et aux efforts des éleveurs.
Avec une meilleure structuration et des investissements adaptés, il peut devenir un moteur de croissance durable et un levier essentiel pour la sécurité alimentaire du pays.