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Société

Ramadan: Les préparatifs ont déjà commencé !

  • 28 décembre 18:15
  • 4 min de lecture
Ramadan: Les préparatifs ont déjà commencé !

On a beau dire qu’il y a des traditions qui se perdent et que le modernisme a eu raison de la résistance qu’opposent ces familles qui s’efforcent de garder ce qu’elles ont vécu lors de leur jeunesse, dans le subconscient de la majorité des familles, du Nord au Sud, d’Est en Ouest, Ramadan c’est sacré. Il rapproche, unit et, surtout, réveille des réflexes que l’on croyait a jamais perdus.

La Presse — Une ruelle qui se trouve derrière la mosquée du centre de l’Ariana, une petite échoppe au fond de laquelle se trouve un moulin. D’ailleurs, à au moins cent mètres de là des  senteurs familières titillent les narines. Cela sent bon et ces senteurs familières changent au fur et à mesure que les heures s’écoulent.

«Nous avons commencé assez à l’avance cette année, nous explique Am Hmid qui s’affaire et qui semble connaître tout le monde. On ne vient pas seulement de l’Ariana.  J’ai des clients qui viennent des quartiers chics d’El Manazeh. Ces familles peuvent tout acheter à n’importe quelle grande surface, mais elles tiennent à avoir des condiments préparés par leurs soins.

Il est vrai que ceux qui sont ensachés industriellement, n’ont pas la même fraîcheur, le même goût et surtout il y a le plaisir de faire quelque chose soi-même, pour accueillir comme il se doit Ramadan. C’est totalement différent. Et surtout pour surprendre, car lors de la  rupture du jeûne en famille,  il faut ce tour de main qui change l’accommodement d’un plat».

Une dame a osé défier les embouteillages et  entrer jusqu’à quelques mètres du moulin. Elle semble être une cliente régulière. Sans rien dire, elle remet au maître des lieux un  couffin plein à craquer. Un léger sourire et elle reprend la route.

«Cela fait des années qu’elle vient pour avoir des condiments qu’elle prépare elle-même.  Elle reviendra après-demain pour tout reprendre. Je sais ce qu’elle veut».

Un tricycle s’arrête. Une dame s’affaire pour mettre  à l’entrée des sacs soigneusement  étiquetés. Elle repart sans rien dire; Am Hmid nous explique qu’à l’occasion du mois de Ramadan, de petits métiers se créent. Des femmes surtout se chargent de répondre à ce que demande une clientèle souvent fidèle. Du « droo» (sorgho moulu), grains de sésame moulu et prêt à l’emploi, des épices, de l’harissa, etc, sont commandés et gardés pour le mois saint.

Juste en face, un marchand de poterie.

Il assure que sa marchandise vient directement de Nabeul.

«Ce qui marche le plus, ce sont les «kanouns» pour le thé.  Il y a des familles qui y tiennent au mois de Ramadan, surtout que cette année, il ne fera pas très chaud. Nous vendons également des gargoulettes pour la préparation d’un plat spécifique».

Dans une grande surface qui se trouve dans les environs et où il y a également foule, le rayon le plus sollicité est celui des casseroles, marmites, assiettes et même services complets en porcelaine.

«Il y a ceux qui tiennent à leurs traditions et le renouvellement des couverts est essentiel. Il relance ce genre de marchandises. Nous avons déjà vendu un bon nombre de ces services qui s’adaptent aux familles actuelles.  C’est moins cher et la  porcelaine tunisienne est de très bonne qualité».

Le même manège juste à côté pour l’huile d’olive qui est vendue à 12,500d le litre.

Mais il n’y a pas que cela. L’apparition des fraises, une poussée de quelques fruits exotiques, encourage le stockage pour éviter les éventuels encombrements.  Les prix ne sont pas donnés, mais on semble  convaincu que cela coûtera plus cher dans deux mois. Et comme  les congélateurs sont faits pour cela, on y va pour un certain nombre de produits et de marchandises dont on se sert pour animer les soirées.

Ramadan, c’est dans moins de deux mois, mais la disponibilité des produits encourage des achats spécifiques à l’avance. Surtout que les prix ne sont pas encore soumis à la pression de l’offre et de la demande.

Auteur

Kamel GHATTAS