Au Théâtre municipal : Zied Gharsa en état de grâce
Un concert dense et intense, étalé sur près de deux heures, qui a su conjuguer le malouf tunisien et la chanson tunisienne classique devant une salle comble.
La Presse — Le Théâtre municipal de Tunis a accueilli, le vendredi 26 décembre 2025, une soirée musicale d’exception animée par l’artiste Zied Gharsa, accompagné de son orchestre. Un concert dense et intense, étalé sur près de deux heures, qui a su conjuguer le malouf tunisien et la chanson tunisienne classique devant une salle comble. Une soirée qui a, une fois encore, confirmé la capacité de la musique tunisienne, dans toute sa diversité, à toucher un large public.
Figure incontournable du malouf tunisien, Zied Gharsa veille, à chaque apparition scénique, à bâtir un programme qui dialogue avec les différentes sources de la musique tunisienne. Du malouf dans ses formes savantes à la chanson qui a façonné la mémoire collective, l’artiste s’inscrit dans la continuité d’une école musicale prestigieuse.
Fils de Tahar Gharsa, l’un des grands gardiens du malouf, lui-même disciple de Khemaïs Tarnane, Zied Gharsa assume pleinement cet héritage tout en y imprimant sa sensibilité propre. La soirée s’est ouverte par un Samaï Rast Edhil, choix révélateur de l’attachement de l’artiste à la structure traditionnelle du malouf, où le samaï joue le rôle d’introduction raffinée, préparant l’oreille du public et mettant en valeur la cohésion de l’ensemble musical.
La construction s’est poursuivie avec un Istikhbar au oud dans le même mode, moment d’improvisation où l’instrument central du malouf s’est imposé avec éclat, révélant une parfaite maîtrise des maqâms et de leurs cheminements mélodiques.
Zied Gharsa a ensuite interprété les fondous dont «Chouchana », renouant avec une forme vocale qui a historiquement servi de passerelle entre le malouf et la chanson populaire tunisienne. Un territoire musical que l’artiste explore depuis plusieurs années, convaincu de son importance dans la préservation d’une mémoire musicale vivante.
La seconde partie du concert a élargi le spectre pour embrasser d’autres couleurs du patrimoine chanté tunisien. Gharsa a revisité des titres emblématiques ayant marqué l’imaginaire collectif, en hommage à une école associée à des figures majeures telles qu’Ali Riahi, Hédi Jouini ou Mohamed Jamoussi. Le public a réservé un accueil enthousiaste à ces interprétations, parmi lesquelles : «Ya elli dhalemni»,«Yâichha ou yehmiha»,«Elli ta‘adda ou fat», «Beit Echaâr», «Ki jitina».
Dans un enchaînement naturel entre l’héritage des générations précédentes et son propre parcours artistique, Zied Gharsa a également proposé un florilège de ses chansons devenues familières à son public, dont «Raoueh men essouk Ammar» (chantée en duo avec Habouba), «Aziz qalbek», «Etta‘lila».
Il a par ailleurs interprété «Ana habbit», sur une composition de Mona Chtourou, avant d’offrir un moment particulièrement marquant avec le Barouel «La‘ab edh-dhabbi bi aqli», exécuté en parfaite harmonie avec l’atmosphère générale de la soirée.
La soirée de Zied Gharsa au Théâtre municipal a confirmé l’attachement persistant du public à la musique tunisienne authentique lorsqu’elle est présentée dans un cadre artistique exigeant et maîtrisé. Elle a également réaffirmé la capacité du malouf et de la chanson tunisienne à rassembler un public varié et à remplir les salles.
Ce concert s’inscrit dans un rendez-vous mensuel que Zied Gharsa s’attache à instaurer avec son public au Théâtre municipal de la capitale, une série de soirées qui œuvrent à la valorisation de la chanson tunisienne et rencontrent, à chaque fois, un succès populaire remarquable.
