Le retard et l’arrêt de plusieurs projets publics en Tunisie s’expliquent par un ensemble de facteurs structurels, parmi lesquels les lourdeurs administratives, l’insuffisance du financement, la hausse des coûts des matériaux et le manque de main-d’œuvre qualifiée. C’est ce qu’a affirmé, ce lundi, Abdel Fattah Brahem, membre du bureau exécutif de la Fédération nationale des entreprises de bâtiment et de travaux publics (BTP).
Intervenant sur Express Fm, Brahem a tenu à souligner que les entreprises du secteur opèrent dans le strict respect de la législation en vigueur, rejetant toute responsabilité directe des professionnels dans le blocage des chantiers. Il a toutefois précisé que chaque projet présente des spécificités propres, nécessitant une analyse au cas par cas.
Selon lui, les entraves administratives et la longueur des procédures figurent parmi les principales causes du ralentissement des travaux, auxquelles s’ajoute le manque de financement accordé au secteur. À cela s’ajoute la hausse continue des prix des matières premières, dont une part importante est importée, exposant les projets à des retards liés à des difficultés logistiques ou à des défaillances chez les fournisseurs.
Brahem a en outre mis en avant les difficultés liées aux matériaux locaux, qui couvrent près de 50 % des besoins du secteur. Il a notamment cité les produits issus des carrières utilisées dans la réalisation des autoroutes et de grands projets d’infrastructure, tels que la route reliant Sfax à Kasserine. La fermeture généralisée de ces carrières, a-t-il expliqué, a eu un impact direct sur l’arrêt de plusieurs chantiers.
Face à cette situation, le responsable a appelé à la réouverture et à la régularisation des autorisations d’exploitation des carrières, tout en plaidant pour une révision du Code des marchés publics, qu’il juge contraignant tant pour l’administration que pour les entreprises exécutantes.
Il a par ailleurs insisté sur l’importance du règlement des créances dues aux entrepreneurs, condition indispensable, selon lui, pour assurer le financement des projets et leur achèvement dans les délais. Malgré une amélioration relative enregistrée récemment, des difficultés persistent, notamment en ce qui concerne les paiements relevant du secteur public.
Sur un autre plan, Brahem a déploré la lenteur dans la mise en œuvre des mesures annoncées par l’État en faveur du secteur à la fin de l’année 2024. Celles-ci n’ont commencé à produire leurs effets qu’à la fin de l’année 2025, avant d’être prolongées jusqu’en 2026, illustrant, selon lui, les dysfonctionnements dans l’application des textes juridiques.
Finalement et non moins important, il a alerté sur la pénurie croissante de main-d’œuvre dans le secteur du BTP. Celui-ci compte actuellement près de 4 500 entreprises actives et employait, avant 2011, environ 125 000 travailleurs. Aujourd’hui, le déficit est estimé à près de 30 %, conséquence de l’émigration de la main-d’œuvre qualifiée et de la baisse du nombre de projets publics, poussant de nombreux travailleurs à se reconvertir.