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Rétrospective 2025 : La Tunisie reprend son destin en main 

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  • 31 décembre 17:15
  • 27 min de lecture
Rétrospective 2025 : La Tunisie reprend son destin en main 

L’année 2025 restera dans les mémoires comme un jalon historique pour la Tunisie. Entre modernisation des infrastructures, renforcement de la souveraineté nationale, progrès sociaux et affirmation internationale, le pays a concrétisé une série de projets stratégiques.

Du secteur énergétique à la santé, du phosphate au tourisme, chaque avancée témoigne d’une dynamique de développement durable et inclusive, offrant des perspectives prometteuses pour 2026.

La Presse — L’année 2025 s’est imposée comme la confirmation d’un mouvement de transformations profondes à l’œuvre en Tunisie. Quatre années après l’amorce du processus politique du 25 juillet 2021, le pays a renoué avec une dynamique d’action publique plus affirmée, marquée par la remise en marche de projets longtemps entravés et la concrétisation de chantiers structurants.

De l’énergie à la gestion des ressources hydriques, des infrastructures à l’agriculture, du tourisme au numérique, ces secteurs stratégiques ont enregistré des avancées notables. Dans un environnement économique international particulièrement exigeant, ces progrès et indicateurs sectoriels dessinent les contours d’une évolution encourageante et ouvrent la voie à des perspectives prometteuses pour l’avenir du pays.

La Tunisie a ainsi démontré en 2025 sa capacité à traduire ses engagements politiques en résultats concrets. De la reprise de projets antérieurement gelés à la mise en œuvre de programmes d’envergure dans des secteurs stratégiques, en passant par une diplomatie proactive et structurée, le pays a renforcé sa souveraineté nationale, consolidé sa stabilité institutionnelle et posé les bases de nouvelles perspectives de développement économique et social.

Un État en action pour le développement

La stabilité retrouvée et la clarté des responsabilités institutionnelles, consolidées par la Constitution de 2022, ont permis au gouvernement de s’atteler à l’essentiel, à commencer notamment par l’exécution de projets structurants et la levée des blocages bureaucratiques qui freinaient l’action publique depuis des années.

Les déplacements réguliers du Chef de l’Etat sur le terrain ont illustré une approche renouvelée de la gouvernance en Tunisie. Loin de se limiter à un rôle symbolique, ces visites ont été suivies de décisions concrètes touchant les projets d’infrastructure, les services publics et les situations sociales historiquement marginalisées. La politique de l’État a été guidée par les principes d’égalité devant la loi et de justice sociale, s’attaquant aux formes de marginalisation existantes et promouvant une répartition plus équitable des ressources. Cette orientation a favorisé l’émergence d’un climat de confiance et dynamisé l’action de l’administration publique ainsi que le développement des régions intérieures.

 Énergie : vers une indépendance durable

La Tunisie franchit une nouvelle étape dans sa transition énergétique avec l’inauguration, le 16 décembre 2025, de la plus grande centrale solaire du pays à Kairouan. D’une capacité installée de 100 MWc, la centrale d’El Mtabasta-Sbikha injecte directement l’électricité produite dans le réseau haute tension de la Steg, générant 222 GWh par an et évitant l’émission de 117.000 tonnes de CO². Avec un investissement global de 250 millions de dinars, ce projet pionnier, financé par la Banque africaine de développement et la Société financière internationale, constitue une première en Tunisie par sa taille, son intégration technique et son impact environnemental.

Au-delà de sa contribution énergétique, cette centrale représente un levier économique et social pour la région. Elle participe à la diversification du mix énergétique national, réduit la dépendance aux énergies fossiles et permet d’économiser 22 millions de dollars sur les importations de gaz naturel. La création de 40 emplois locaux souligne également l’importance de l’initiative pour le développement régional. L’événement a réuni les principaux acteurs du projet, dont Amea Power, qui exploite la centrale, et des représentants institutionnels et financiers nationaux et internationaux, confirmant l’attractivité de la Tunisie pour les investisseurs dans les énergies renouvelables.

La mise en service de cette centrale s’inscrit dans un plan plus large de développement des énergies propres dans le pays. De nouvelles centrales de 50 MW sont prévues à Mezzouna et Tozeur, tandis que des projets supplémentaires, d’une capacité cumulée d’environ 600 MW, sont programmés à Sidi Bouzid, Gafsa et Gabès. Avec 190 autorisations préliminaires déjà accordées pour des projets de 1 à 10 MW, le secteur solaire tunisien connaît un essor sans précédent, consolidant la sécurité énergétique et le positionnement du pays comme acteur majeur de la transition énergétique dans la région.

Dans ce même volet, la Tunisie se lance cette année dans l’un des projets les plus ambitieux de sa génération. Il s’agit du raccordement électrique sous-marin avec l’Italie, baptisé “Elmed”. Ce câble de 220 kilomètres, capable de transporter 600 MW, marque un tournant stratégique pour le pays en matière de sécurité énergétique et de transition vers les énergies renouvelables.

Au-delà de son envergure technique, Elmed positionne la Tunisie comme un hub régional pour l’énergie verte, permettant non seulement d’assurer un approvisionnement stable pour le pays, mais aussi d’exporter de l’électricité renouvelable vers l’Europe. Cette initiative s’inscrit dans une logique de coopération internationale et de renforcement des liens économiques entre les deux rives de la Méditerranée.

Le projet comprend la construction de stations de conversion, la mise en place de lignes à haute tension et la création d’une zone industrielle dédiée, avec l’ambition de connecter efficacement le réseau tunisien au système électrique européen. Soutenu par la Banque mondiale et inscrit parmi les projets d’intérêt commun de la Commission européenne, Elmed illustre la volonté de la Tunisie de diversifier ses sources d’énergie et de réduire sa dépendance aux énergies fossiles.

Depuis l’inauguration de la zone d’innovation Terna à Tunis au début de cette année, le projet a franchi des étapes décisives. La mise en service, prévue pour 2028, ouvre la voie à un futur où la Tunisie pourra jouer un rôle central dans l’économie verte méditerranéenne, tout en consolidant ses relations avec l’Europe et en renforçant sa souveraineté énergétique. La «Terna Innovation Zone» a marqué le lancement du premier pôle d’innovation en Afrique géré par le groupe italien, un projet qui renforce le partenariat stratégique entre l’Italie et la Tunisie.

Cette zone, portée par la responsabilité sociale des entreprises, vise à promouvoir l’innovation technologique et le développement des compétences partagées, tout en consolidant les liens entre les deux pays et contribuant à la réalisation des objectifs du plan Mattei pour l’Afrique.

Phosphate : le grand retour d’un secteur stratégique

En 2025, le secteur du phosphate en Tunisie affiche des signes clairs de redressement après plusieurs années de contraintes structurelles. La Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) a enregistré une hausse de sa production commerciale dès le premier trimestre, marquant ainsi une dynamique positive par rapport à l’année précédente. Dans ce contexte, les autorités et les professionnels du secteur visent à porter la production nationale à près de 5 millions de tonnes d’ici à la fin de l’année, ce qui constituerait un bond significatif par rapport aux niveaux observés en 2024.

Cette progression ne se limite pas à la seule production. Les indicateurs commerciaux témoignent également d’une amélioration notable. Selon l’Institut national de la statistique, les exportations de phosphate et de produits dérivés ont augmenté de 8 % au cours des neuf premiers mois de 2025, avec des volumes supérieurs à ceux de 2024. Ces résultats traduisent une reprise solide et durable de l’activité à l’international, tandis que les recettes générées par ces exportations, qui s’élèvent à plusieurs milliards de dinars, confirment l’importance croissante du phosphate dans la balance commerciale tunisienne.

Au-delà de ces performances annuelles, la Tunisie engage une stratégie ambitieuse pour renforcer durablement son industrie phosphatière. Le programme de développement 2025‑2030 prévoit la modernisation des capacités d’extraction, de transport et de transformation, avec l’objectif ambitieux d’atteindre une production annuelle de 14 millions de tonnes d’ici à 2030. Cette feuille de route traduit la volonté de repositionner la Tunisie parmi les principaux producteurs mondiaux de phosphate, tout en maximisant la valeur ajoutée locale et en développant les exportations de produits dérivés.

Eau et sécurité hydrique : des chantiers vitaux pour l’avenir

Face à un stress hydrique croissant, la Tunisie mise sur le dessalement de l’eau de mer pour sécuriser l’approvisionnement en eau potable. Les stations récemment inaugurées, notamment à Sfax, Gabès, Sousse et Djerba, visent à répondre aux besoins des populations, en particulier dans les régions intérieures frappées par l’assèchement des barrages. Ces projets, soutenus par des compétences tunisiennes et des innovations énergétiques comme le recours à l’énergie solaire, représentent une avancée stratégique pour pallier la baisse des ressources en eau douce.

La planification nationale s’inscrit dans une vision de long terme. La stratégie «Eau 2050 » prévoit d’augmenter considérablement la capacité de dessalement, avec une projection de 265 millions de m³ d’eau traitée d’ici à 2050. Parallèlement, des mesures complémentaires sont mises en œuvre : réutilisation des eaux usées, modernisation des systèmes d’irrigation et valorisation des eaux pluviales. Ces initiatives visent à rationaliser la consommation et à renforcer la résilience de l’économie et de l’agriculture tunisiennes face aux effets du changement climatique.

Notons à ce propos qu’un projet de code de l’eau a été présenté au Conseil des ministres le 25 février 2025. Il vise à garantir une gestion durable et équitable des ressources hydriques en Tunisie. Il reconnaît l’eau comme une richesse nationale, assure le droit à l’eau potable et à l’assainissement, et promeut la solidarité dans sa distribution. Le texte prévoit la décentralisation, la création d’une agence nationale et de comités régionaux, l’implication du secteur privé, ainsi que la valorisation des eaux non conventionnelles, tout en renforçant le cadre pénal et la gestion des risques liés aux inondations, sécheresses et changements climatiques.

Infrastructures et transport : fluidité et compétitivité

La Tunisie renforce ses infrastructures routières et de transport public en 2025 avec un ensemble de projets ambitieux. La Direction des ponts et chaussées, sous l’égide du ministère de l’Équipement, conduit actuellement des travaux d’une valeur de quatre milliards de dinars, incluant routes, ponts et autres infrastructures. L’année en cours prévoit aussi le lancement de projets supplémentaires pour 2,5 milliards de dinars et la signature d’une quarantaine de contrats à travers toutes les régions, tandis que 50 chantiers, dont l’entrée sud de la capitale et la dernière section des routes radiales X20, devraient être achevés. La Banque africaine de développement soutient notamment la troisième phase de modernisation des infrastructures routières avec un financement de 265 millions de dinars.

Parallèlement, le transport public terrestre connaît un renouveau stratégique. La Cheffe du gouvernement a présenté une vision globale de reconstruction du secteur, allant au-delà de l’acquisition de bus et wagons, afin de moderniser un système dégradé par des décennies de sous-investissement. Cette initiative comprend l’achat de plus de 1.350 bus répartis entre Chine, Suisse et Arabie saoudite, ainsi que le lancement d’appels d’offres pour 35 rames de métro, afin de renforcer le parc et garantir un service public efficace, particulièrement pour les zones enclavées et la rentrée scolaire.

Le budget de développement 2025 consacre 532,6 millions de dinars à la modernisation du transport ferroviaire, à l’amélioration des passages frontaliers terrestres et à la performance des entreprises publiques du secteur. Les fonds permettront la poursuite du Réseau ferroviaire rapide, la rénovation des lignes ferroviaires existantes et du transport du phosphate, ainsi que la modernisation des infrastructures du métro de Tunis et du métro léger de Sfax. Le ministère prévoit également le déploiement d’un système intégré d’aide à l’exploitation et d’information des voyageurs pour renforcer la qualité des services publics et accélérer les projets logistiques structurants.

L’avancement du pont de Bizerte et des axes routiers Tunis–Jelma et Sfax–Kasserine a considérablement amélioré la mobilité et le désenclavement des régions intérieures. La modernisation du port de Radès a renforcé la compétitivité logistique et commerciale du pays, facilitant l’exportation et l’attractivité économique.

En parallèle, des aménagements urbains tels que les places Mongi-Bali, Pasteur et Barcelone, ainsi que la création d’un hôpital de campagne à Bir Ali Ben Khalifa, ont amélioré le cadre de vie des citoyens et illustré une approche centrée sur le bien-être et la proximité avec la population.

Agriculture et sécurité alimentaire : une souveraineté retrouvée

L’année 2025 a été marquée par des avancées majeures pour le secteur agricole tunisien, alliant récoltes exceptionnelles et mesures concrètes de soutien aux producteurs. Entrée en vigueur le 1er janvier, la loi de finances 2025 a introduit des dispositifs destinés à accompagner les petits agriculteurs et les PME agricoles, avec des fonds de crédit avantageux, des subventions pour l’élevage et des exonérations pour l’importation de jeunes bovins, ainsi qu’une enveloppe dédiée à l’indemnisation des pertes liées aux catastrophes naturelles. Les démarches administratives ont été simplifiées, notamment pour la régularisation des forages agricoles profonds, afin de faciliter le développement et la compétitivité du secteur.

En novembre dernier, plusieurs mesures ont été prises visant à fluidifier les circuits logistiques et à faciliter la commercialisation des produits agricoles. Lors d’une réunion interministérielle regroupant les ministères de l’Agriculture, du Commerce, de l’Intérieur et des Finances, il a été décidé de simplifier les démarches administratives, de faciliter le stockage des récoltes et d’assurer la stabilité des prix pour des produits stratégiques tels que les agrumes, dattes, olives, grenades et pommes.

Le colloque régional de promotion des dattes et de l’huile d’olive, tenu à Douz, a confirmé la dynamique de l’année. Le ministre du Commerce, Samir Abid, a annoncé que la Tunisie a réalisé une récolte record d’huile d’olive, de dattes et d’agrumes, soulignant l’importance de mobiliser tous les efforts pour assurer le succès du stockage, du transport et de la promotion de ces produits, piliers de l’économie et de l’image du pays à l’international. Le GIC Dattes a proposé plusieurs mesures pour faciliter le transport, soutenir les petits producteurs, promouvoir la consommation intérieure et accompagner les exportations, malgré les droits de douane supplémentaires imposés sur certains marchés.

La filière oléicole a particulièrement brillé cette année. La Tunisie a produit 340.000 tonnes d’huile d’olive en 2024-2025, en hausse de 55 % par rapport à la saison précédente, et exporté 280.000 tonnes, dont un record d’huile conditionnée, générant 3,746 millions de dinars. Ces résultats exceptionnels positionnent la Tunisie comme l’un des principaux exportateurs mondiaux et témoignent de l’efficacité des politiques de soutien et de modernisation du secteur.

Santé : modernisation et transformation numérique

Dans le domaine de la santé, l’année 2025 a été marquée par une avancée significative de ce secteur, portée par des projets structurants visant à moderniser les infrastructures, améliorer l’accès aux soins et renforcer la résilience du système sanitaire. Parmi les initiatives les plus emblématiques figurent le lancement du premier hôpital 100% numérique du pays, conçu pour intégrer les technologies de pointe telles que la télémédecine, la gestion électronique des dossiers médicaux et l’intelligence artificielle appliquée au diagnostic et à l’organisation des soins, avec un accent particulier sur les régions intérieures.

Parallèlement, l’État a accéléré la construction et la modernisation d’hôpitaux régionaux dans plusieurs gouvernorats, notamment à Kairouan, Jelma, Thala, Haffouz et Makthar. Ces projets visent à réduire les inégalités territoriales en matière de santé, à rapprocher les services hospitaliers des citoyens et à alléger la pression sur les grands centres universitaires, tout en renforçant les capacités en soins spécialisés, notamment en oncologie et en soins intensifs.

L’année a également été marquée par le lancement officiel du chantier de l’hôpital universitaire Roi Salmane à Kairouan, un projet de grande envergure appelé à devenir un pôle hospitalo-universitaire de référence pour la région centrale du pays. En complément, le déploiement de plateformes numériques et de systèmes de santé connectés a permis de renforcer la coordination entre les établissements hospitaliers, de faciliter les diagnostics à distance et d’améliorer la continuité des soins.

Enfin, des programmes soutenus par des partenaires internationaux, dont la Banque mondiale, ont contribué au renforcement des capacités du système de santé, à l’amélioration de la surveillance épidémiologique et à une meilleure préparation aux risques sanitaires et pandémiques. L’ensemble de ces réalisations confirme que 2025 s’inscrit comme une année charnière pour la modernisation du système de santé tunisien et l’amélioration durable de la qualité des soins

Tourisme et patrimoine : diversification et mégaprojets

Sur le plan touristique, la Tunisie a connu un record historique de fréquentation, accueillant plus de 11 millions de visiteurs jusqu’au 22 décembre 2025. Au-delà des chiffres, l’année a été marquée par une stratégie de diversification et d’innovation. Parmi les projets emblématiques, le Costa Coralis à Tabarka, s’étendant sur près de 140 hectares, se distingue comme un véritable levier de transformation. Ce mégaprojet vise à réinventer le paysage touristique du gouvernorat de Jendouba et à positionner le Nord-Ouest du pays comme une destination internationale de premier plan

A cet effet, le ministre du Tourisme, Sofiane Tekaya, a souligné l’importance d’une approche régionale dans la mise en œuvre des investissements touristiques, lors d’une séance de travail dédiée au suivi de ce mégaprojet. L’objectif est de répartir équitablement l’activité touristique entre les zones concernées et de valoriser les ressources naturelles, le patrimoine culturel et les industries traditionnelles locales pour stimuler l’économie et l’emploi.

Le projet s’étend sur 140 hectares de terrains étatiques, devant être transférés à l’Agence foncière touristique avant toute construction. Costa Coralis n’est pas un simple complexe hôtelier  mais il s’agit d’un projet touristique intégré comprenant hébergements diversifiés (hôtels, résidences, écolodges), espaces de loisirs, zones artisanales et services culturels, dans une logique de destination complète et durable.

Des mesures ont été discutées pour lever les freins administratifs et accélérer la mise en œuvre. 23 demandes d’inscription et plusieurs négociations avec des bailleurs de fonds sont en cours, et une réunion élargie impliquant l’Agence foncière touristique est prévue pour finaliser les aspects fonciers. Le projet intègre également une dimension écologique, avec recours aux énergies renouvelables et valorisation des déchets. Les autorités insistent sur l’importance de ce projet comme moteur de développement économique local, de création d’emplois et de valorisation du patrimoine régional, tout en garantissant une exploitation durable et responsable des ressources naturelles et culturelles.

Parallèlement aux projets touristiques intégrés, notre pays poursuit la valorisation de son patrimoine historique et culturel, pilier stratégique pour renforcer l’attractivité du pays. La médina de Kairouan, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, fait l’objet d’un programme de réhabilitation visant à restaurer ses monuments emblématiques, améliorer les infrastructures urbaines et faciliter l’accès des visiteurs, tout en préservant l’authenticité de ses ruelles et de son architecture.

Les sites antiques de Carthage, Dougga et El Djem bénéficient également d’investissements ciblés, incluant la conservation des vestiges, la mise en place de parcours didactiques et la création de dispositifs numériques pour enrichir l’expérience touristique. Ces mesures visent à augmenter la fréquentation, générer des revenus pour l’économie locale et créer des emplois dans les métiers du patrimoine et de l’artisanat.

En parallèle, le tourisme saharien est développé dans le sud, notamment à Tozeur et à Douz, où des circuits combinant désert, oasis, culture locale et artisanat sont mis en avant. Ces initiatives offrent non seulement une diversification de l’offre touristique tunisienne, mais contribuent aussi à l’essor économique des régions intérieures, souvent moins desservies, en favorisant l’hébergement, la restauration et les activités culturelles locales.

Ainsi, la stratégie tunisienne combine-t-elle préservation du patrimoine, développement durable et dynamisation économique régionale, renforçant la place du tourisme comme levier

Numérique et modernisation de l’État : vers une administration efficiente

En 2025, la Tunisie a franchi un nouveau cap dans la transformation digitale de ses services publics. Les programmes Tunisie Numérique 2025 et le Startup Act ont permis d’accélérer la digitalisation des démarches administratives, facilitant l’accès des citoyens aux services publics et réduisant considérablement l’intermédiation. La généralisation de l’identité numérique a simplifié les procédures, qu’il s’agisse de formalités fiscales, d’inscriptions scolaires ou de démarches liées à la santé, contribuant ainsi à une administration plus transparente et réactive.

L’écosystème entrepreneurial numérique s’est également affirmé. Grâce à des mesures incitatives et à un cadre juridique favorable, les startups tunisiennes ont connu une croissance soutenue, positionnant le pays au 4e rang africain en matière de technologies innovantes et confirmant son rôle de hub technologique régional. Des initiatives comme l’accélérateur national de startups, la création de pôles technologiques régionaux et le soutien à l’innovation dans l’intelligence artificielle, la cybersécurité et la fintech ont renforcé cette dynamique.

Parallèlement, la Tunisie a développé des plateformes numériques intégrées pour connecter les différentes administrations et améliorer la coordination des services. Ces plateformes permettent de suivre en temps réel les demandes citoyennes, de fluidifier la communication interservices et de renforcer la planification stratégique. L’objectif est clair : bâtir un État moderne où la technologie sert la transparence, l’efficacité et la proximité avec le citoyen.

Ces avancées numériques ne se limitent pas à l’administration. Elles irriguent également l’économie, en facilitant la création d’emplois dans le secteur technologique, en soutenant l’innovation dans les PME et en attirant des investissements étrangers, renforçant ainsi la compétitivité de la Tunisie sur la scène africaine et méditerranéenne.

Une croissance inclusive et un emploi durable

La Tunisie poursuit le renforcement de sa politique sociale et économique avec des mesures concrètes pour réduire le chômage, stabiliser l’emploi et soutenir les jeunes entrepreneurs. Sur le plan social, le Président Kaïs Saïed a signé la loi n°2025-18, permettant le recrutement exceptionnel des diplômés de l’enseignement supérieur en chômage de longue durée dans la fonction publique, ciblant notamment ceux inscrits depuis plus de dix ans à l’agence pour l’emploi. Cette initiative vise à restaurer leur dignité et à renforcer la cohésion sociale, tout en répondant à des besoins réels dans plusieurs secteurs publics.

Parallèlement, la loi n°9/2025, adoptée à l’unanimité par l’ARP, organise les contrats de travail et interdit le recours à la sous-traitance. Elle prévoit notamment que les contrats à durée déterminée (CDD) non exceptionnels soient automatiquement transformés en contrats à durée indéterminée (CDI), consolidant ainsi la stabilité de l’emploi. Ces réformes sociales s’accompagnent de résultats encourageants : selon World Population Review, la Tunisie se classe 4e en Afrique pour l’Indice de développement humain (IDH : 0,746), avec un revenu par habitant de 3.900 dollars, traduisant les progrès en éducation, santé et infrastructures.

Sur le plan économique, une légère  reprise enregistrée avec une croissance de 2,4% sur les neuf premiers mois de 2025, portée par l’agriculture, le tourisme et la construction. L’inflation a connu un ralentissement notable en septembre, permettant à la Banque centrale de Tunisie (BCT) de réduire son taux directeur. Les mesures économiques adoptées cette année incluent le soutien aux startups et auto-entrepreneurs, la réforme fiscale (nouveau barème Irpp, amnistie fiscale), la maîtrise budgétaire via un recours accru aux emprunts internes et la promotion de la transformation digitale et verte.

Dans ce cadre, le comité de pilotage du projet du système de l’auto-entrepreneur a accéléré la mise en œuvre de la loi de finances 2025, étendant le statut aux secteurs numérique, créatif et journalistique. Trois sessions techniques sont prévues pour améliorer la procédure et la plateforme d’enregistrement. Le ministre de l’Emploi, Riadh Chaoued, a insisté sur l’objectif de libérer l’initiative individuelle, favoriser l’intégration socioéconomique et offrir des incitations en matière de protection sociale, formation et accompagnement.

La politique de soutien à l’économie locale s’articule également autour des sociétés communautaires, considérées comme un pilier du projet présidentiel. Le ministère de l’Emploi a lancé à la fin de 2025 le registre national des sociétés communautaires, accessible sur alahlia.tn, facilitant la création, la gestion et le suivi numérique des entreprises. Selon Jihene Ghazza, responsable du cabinet du ministère, 238 sociétés sont désormais inscrites, dont 60 sont actives. La majorité sont locales (77%) et spécialisées dans l’agriculture et la pêche (80%). À ce jour, 88 sociétés ont obtenu un financement, principalement via la Banque tunisienne de solidarité (78 entreprises). Une base de données unifiée, intégrant le cadre légal, les conditions de création et les avantages, sera opérationnelle début 2026, avec 90% des démarches gérées électroniquement. Un plan de communication et d’accompagnement est joint à cette initiative pour simplifier les procédures et soutenir le développement de ces entreprises.

Renforcement des piliers stratégiques

En 2025, la Tunisie a renforcé certains secteurs stratégiques pour une croissance durable et inclusive. L’éducation et la recherche ont progressé avec la modernisation des programmes, le développement des compétences professionnelles et des investissements dans l’innovation scientifique et technologique. L’industrie s’est diversifiée et modernisée, notamment dans le textile, l’agroalimentaire et la mécanique, avec le soutien aux zones industrielles intégrées et aux partenariats public-privé.

Les initiatives environnementales ont été intensifiées, allant de la protection des écosystèmes à la réduction des émissions et à la gestion durable des ressources. A cet effet, la Tunisie a intensifié en 2025 ses initiatives en matière d’environnement et de transition écologique. Le pays a lancé des programmes ambitieux pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la protection des écosystèmes terrestres et marins, et la gestion durable des déchets, avec la création de nouvelles unités de traitement et de valorisation dans plusieurs régions.

Des concours nationaux ont été organisés pour encourager les startups et projets innovants à vocation écologique, tandis que des forums et partenariats internationaux ont permis de renforcer l’innovation verte et la mobilisation citoyenne. Ces actions s’accompagnent de la mise en place d’un système national de suivi des émissions et d’un plan de financement durable de la biodiversité, affirmant la volonté de la Tunisie de concilier développement économique, préservation de l’environnement et transition vers une économie plus verte.

La culture, le sport et les programmes jeunesse ont été dynamisés, valorisant le patrimoine et renforçant la cohésion sociale. Enfin, la sécurité intérieure et la justice ont été consolidées grâce à la modernisation numérique, à l’amélioration des services policiers et à la simplification des procédures judiciaires, renforçant la confiance des citoyens dans les institutions.

Diplomatie tunisienne : souveraineté et rayonnement

En 2025, la Tunisie a mené une diplomatie active et multidimensionnelle, marquée par une présence soutenue sur les scènes arabe, africaine et internationale. Sa participation à la 80e session de l’Assemblée générale de l’ONU, à la Ligue des États arabes, au Comesa et au Mouvement des non-alignés lui a permis de défendre ses positions de principe, notamment en matière de souveraineté nationale, de non-ingérence, de coopération Sud-Sud et de gestion des migrations.

Le Président Kaïs Saïed a réaffirmé une politique étrangère fondée sur l’indépendance de la décision nationale, le rejet des alliances imposées et la révision des accords jugés contraires aux intérêts du pays. Cette orientation s’inscrit dans une vision plus large d’un partenariat international équitable, respectueux des intérêts mutuels et de la justice sociale.

Sur le plan africain, la Tunisie a renforcé son engagement en faveur de l’intégration continentale, de l’autosuffisance et de la valorisation des ressources locales. Active au sein du Comesa et de l’Union africaine, elle a promu la coopération économique, la sécurité alimentaire et le développement durable, tout en soutenant les réformes institutionnelles africaines.

La diplomatie tunisienne a également été marquée par un soutien constant et ferme à la cause palestinienne, réaffirmé dans tous les forums régionaux et internationaux, avec un appel à l’établissement d’un État palestinien indépendant avec Al-Qods pour capitale.

Sur le plan bilatéral, de nombreuses rencontres avec des partenaires arabes, africains et européens ont permis de consolider les relations économiques, commerciales et touristiques, et de positionner la Tunisie comme destination d’investissement et hub régional. La coopération avec les organisations internationales, notamment les agences onusiennes et l’OIT, a été renforcée.

Enfin, une attention particulière a été accordée à la diaspora tunisienne, reconnue comme un levier stratégique du développement national. Le Président a appelé à lever les obstacles freinant les initiatives des compétences tunisiennes à l’étranger et à renforcer leur contribution à l’économie nationale.

Dans l’ensemble, l’année 2025 a confirmé une diplomatie tunisienne proactive, souveraine et engagée, visant à renforcer le rôle du pays sur la scène internationale tout en défendant ses choix stratégiques et ses causes de principe.

Pour conclure, l’année 2025 constitue un véritable jalon pour la Tunisie dans la mesure où elle combine la réalisation de projets concrets, le renforcement de la souveraineté nationale, la stabilisation de l’économie et l’affirmation de sa place sur la scène internationale. La consolidation de ces acquis repose sur la continuité des réformes, la bonne gouvernance et l’engagement de la jeunesse.

Dans ce contexte, la Tunisie apparaît comme un pays stable, résilient et tourné vers l’avenir, capable de transformer les défis en opportunités et de construire une prospérité durable pour tous ses citoyens. L’année 2026 marquera un véritable nouveau départ pour la Tunisie, axé sur le progrès, le développement et la prospérité, tout en mettant l’accent sur une vision équilibrée et inclusive pour l’ensemble des régions du pays.

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Auteur

Samir DRIDI