Billet : Le bilan d’une Tunisie en mouvement
La Presse — En 2025, la Tunisie a navigué entre vents contraires et éclaircies, dessinant un paysage économique marqué par la résilience et la capacité d’adaptation. Après plusieurs années d’incertitudes, le pays a su maintenir une croissance encourageante, contenir l’inflation et renforcer sa crédibilité financière, offrant ainsi un souffle de confiance malgré des défis structurels persistants.
Le renouveau a commencé sur le terrain, avec une agriculture qui a retrouvé un dynamisme inédit. Après des années de sécheresse, les récoltes céréalières ont apporté un souffle d’optimisme, tandis que la filière oléicole, malgré une surproduction record, a mis en lumière l’urgence de transformer et valoriser localement ses produits pour conquérir de nouveaux marchés.
Le soutien aux PME agricoles et aux jeunes promoteurs a renforcé la sécurité alimentaire et posé les bases d’un secteur plus résilient et durable, montrant que l’investissement et l’innovation pouvaient se conjuguer pour créer de la valeur.
Cette vitalité agricole s’est naturellement prolongée dans le secteur touristique, qui a renoué avec une activité proche des niveaux d’avant la crise. Le développement de nouvelles formes de tourisme, culturel, saharien ou médical, a commencé à redéfinir la saisonnalité et à diversifier l’offre, permettant aux territoires de tirer parti de leur attractivité et de stimuler l’économie locale. Malgré une crise hôtelière persistante et la fermeture de nombreux établissements, ces initiatives ont contribué à maintenir l’activité et à préparer le terrain pour une croissance plus équilibrée et durable.
La reprise économique s’est reflétée dans la Bourse de Tunis, qui s’est imposée comme un baromètre de confiance. La solidité financière des entreprises cotées et une liquidité soutenue ont soutenu les marchés, particulièrement les secteurs financiers et de consommation, tandis que l’industrie et le bâtiment ont montré leurs fragilités. La Bourse confirme sa place comme indicateur de confiance, mais reste encore un levier sous-exploité pour financer l’investissement productif. L’élargissement de la base d’investisseurs et l’encouragement à la cotation des PME apparaissent comme des voies à explorer pour transformer ce potentiel en un moteur durable de croissance.
Cette dynamique boursière et économique se heurte toutefois aux limites du secteur bancaire, confronté à un contexte macroéconomique tendu. La liquidité a été restreinte, la rentabilité affectée par les coûts élevés et la dépendance aux titres souverains, tandis que les risques de crédit et de change ont été accentués. Pour 2026, il faudra réorienter le crédit vers les PME, renforcer les fonds propres, accélérer la digitalisation et assurer une supervision proactive, afin que le secteur bancaire devienne un véritable moteur de financement pour l’économie réelle et contribue à transformer la résilience en force structurelle.
Ces succès locaux se sont déroulés dans un contexte international complexe, marqué par la hausse des tarifs douaniers et l’incertitude européenne liée aux conflits mondiaux. Ces tensions ont pesé sur certains secteurs stratégiques, rappelant la nécessité pour la Tunisie de diversifier ses marchés et de consolider ses filières. Sur le plan social, le pays a cherché à promouvoir l’équité et l’inclusion, en soutenant les demandeurs d’emploi et les populations vulnérables, montrant que la résilience économique doit aller de pair avec la justice sociale.
Malgré ces vents contraires, 2025 a confirmé la capacité de la Tunisie à rebondir. Entre agriculture dynamique, tourisme en renaissance, Bourse performante et secteur bancaire résilient, le pays a posé les fondations d’une trajectoire plus solide. L’enjeu pour l’avenir sera de transformer cette résilience conjoncturelle en force durable : investir stratégiquement, valoriser les filières, consolider les institutions financières et innover dans tous les secteurs. 2025 restera l’année où la Tunisie, confrontée à l’incertitude, a su conjuguer prudence et audace, préparant un futur où croissance et durabilité pourraient enfin se rejoindre.
