Crise politique, effervescence sociale et situation économique : Les chantiers qui attendent Fakhfakh

C’est dans un contexte social et économique loin d’être confortable qu’Elyes Fakhfakh s’apprête à prendre les commandes du pouvoir exécutif. Crise politique et crise de confiance entre les différents partis, perturbations sociales et dégradation de la situation économique et des finances de l’Etat. D’ailleurs, c’est dans cette optique qu’il a réuni, hier, tout son gouvernement avant le passage devant le Parlement pour le vote de confiance, prévu mercredi prochain. Une réunion, première du genre, qui a eu lieu à Dar Dhiafa et à travers laquelle le chef du gouvernement désigné a voulu transmettre un premier message d’unité et d’harmonie.

Selon toute vraisemblance et sauf nouveau rebondissement ou revirement de situation, le chef du gouvernement désigné Elyes Fakhfakh a presque assuré le passage de son gouvernement lors du jour du vote de confiance à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) prévu mercredi prochain. En effet avec l’appui d’Ennahdha, du Courant démocratique, du Mouvement du peuple et de Tahya Tounès, Elyes Fakhfakh va tout droit vers la Kasbah où il doit prendre des décisions cruciales pour un pays qui connaît une crise politique, une effervescence sociale et des difficultés économiques d’envergure.

En tenant sa première conférence de presse après sa désignation, Elyes Fakhfakh avait noté qu’outre la poursuite de la guerre contre le terrorisme, ses priorités ne sont autres que les dossiers sociaux et économiques dans la mesure où l’actuelle conjoncture nécessite des décisions urgentes et efficaces pour préserver le pouvoir d’achat des Tunisiens et faire face à la hausse des prix, notamment à l’approche du mois de Ramadan.

Mais pour Elyes Fakhfakh, en vue d’atteindre ces objectifs à caractère social et pour faire face à l’actuelle effervescence sociale marquée par les grèves, les protestations et la tension, il est plus que nécessaire d’unir son gouvernement autour des mêmes objectifs, d’autant plus que pour certains observateurs, la crise politique qui a frappé le processus de formation du gouvernement peut resurgir aux moindres nouvelles perturbations. Cela Elyes Fakhfakh doit ainsi impérativement créer une nouvelle dynamique et une harmonie entre les différents membres de son gouvernement issus de plusieurs familles politiques et éviter le risque de voir des conflits naître au sein même de son équipe. D’ailleurs, c’est dans ce contexte qu’il l’a réunie, hier, avant le passage devant à l’ARP pour le vote de confiance, prévu, rappelons-le, mercredi prochain. Une réunion, première du genre, qui a eu lieu à Dar Dhiafa et à travers laquelle le chef du gouvernement désigné a voulu transmettre un premier message d’unité et d’harmonie.

Economie et relance de la production

«L’objectif n’étant pas de former un gouvernement mais plutôt d’édifier une Tunisie nouvelle, de mettre en place un projet politique viable et soutenu par plusieurs partis politiques», avait affirmé dans ce sens Elyes Fakhfakh, à l’heure où il présentait, le mois dernier, ses grandes priorités. Car en effet, si le nouveau gouvernement veut réussir sa mission, il sera indispensable de mettre en place un nouveau projet et un autre mode de gouvernement, d’autant plus que neuf ans après la révolution, les attentes des Tunisiens sont si élevées.

Des attentes qui sont malheureusement confrontées à un triste constat, celui de la détérioration de la situation économique et des finances de l’Etat même si les derniers indicateurs donnent de l’espoir. En effet, outre la situation sécuritaire, le gouvernement Fakhfakh sera appelé à trouver impérativement des solutions pour mettre fin à la situation de précarité de l’économie nationale. Industrie, énergies, agriculture et production, tous les secteurs connaissent actuellement des problèmes structurels.

Défis et attentes

Et c’est notamment le cas du bassin minier qui illustre parfaitement cette situation. Hier il faisait les beaux jours de l’économie nationale, aujourd’hui il enregistre un manque à gagner énorme. Effectivement, tous les économistes s’accordent sur ce fait, le redressement de l’économie nationale et l’amélioration des finances de l’Etat passent forcément par le dossier de la production de phosphate. Il est utile de rappeler qu’à cause des perturbations sociales et des grèves la production de phosphate a baissé de plus de 50%. Alors que l’objectif pour l’année 2019 avait été fixé à 6 millions de tonnes, la production de phosphate a finalement atteint 4,12 millions de tonnes en 2019, contre près de 8 millions de tonnes en 2010.

D’ailleurs, en visite hier dans une unité de production à Skhira qui connaît des grèves et des problèmes syndicaux, le secrétaire générale de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), Noureddine Taboubi, a appelé le prochain gouvernement à régler définitivement le dossier du phosphate en vue de relancer la production et booster l’économie nationale. «Le dossier du phosphate et du bassin minier doit constituer la priorité du prochain gouvernement, car le redressement de l’économie et la relance de la production passent forcément par ce dossier», a-t-il insisté.

Donc c’est dans ce contexte social et économique loin d’être confortable qu’Elyes Fakhfakh si son gouvernement obtient l’aval de l’ARP — s’apprête à prendre les commandes du pouvoir exécutif, crise politique et crise de confiance entre les différents partis, perturbations sociales et dégradation de la situation économique et des finances de l’Etat. Il est appelé impérativement à trouver la bonne formule en vue de dépasser cette phase de turbulences. En tout cas, avant de se pencher sur ses priorités, le chef du gouvernement désigné est appelé à s’assurer de la solidité et de la solidarité de son équipe gouvernementale.

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