Semaine mondiale de l’Entrepreneuriat : Là où naissent les idées, renaît la Tunisie
À l’occasion de la Semaine mondiale de l’éntrepreneuriat 2025, le programme Elife lance l’initiative «Régions en action» pour mettre en lumière les talents des territoires tunisiens et faire émerger de nouveaux pôles d’innovation loin des centres traditionnels de décision.
La Presse —Dans le débat sur le futur économique de la Tunisie, une évidence s’impose : le renouveau national passera par ses régions. Trop longtemps réduites à des espaces reculés de transit ou de main-d’œuvre, elles se révèlent aujourd’hui comme des foyers d’énergie entrepreneuriale et d’innovation sociale. Or, aujourd’hui, ce ne sont pas les idées qui manquent, mais les moyens de les concrétiser — infrastructures, accompagnement, financement, réseaux.
Avec «Régions en action», Elife poursuit une ambition claire : ouvrir la voie à un développement équilibré, où l’on peut vivre, apprendre, entreprendre et réussir partout dans le pays. Ce programme, porté par la Fondation Tunisie pour le développement, forme et accompagne les jeunes dans les régions pour encourager l’innovation et l’entrepreneuriat local.
Djerba ouvre le mouvement
Les 11 et 12 novembre, Djerba donnera le coup d’envoi de l’initiative ; ateliers d’innovation, défis créatifs, mentorat, rencontres sectorielles. Un laboratoire vivant où les jeunes talents de l’ensemble de la région du Sud pourront démontrer que le potentiel est là dès lors que les portes s’ouvrent.
Les 20 et 21 novembre, Tunis prolongera la dynamique, mais cette fois comme carrefour d’énergies régionales. La capitale se pose en amplificatrice. Elle accueille, met en réseau, reconnaît et célèbre les idées venues de tout le pays. Un symbole fort ; le centre ne capte plus, il relie.
Une vision mondiale, un ancrage tunisien
Célébrée dans plus de 200 pays, la Semaine mondiale de l’entrepreneuriat 2025 porte un message clair : l’innovation naît de la collaboration, de l’ouverture et du courage d’oser. En Tunisie, cette édition rappelle que la créativité n’a pas de frontières. Elle se révèle aussi bien dans une médina que dans une oasis, sur une île comme dans une ville minière. Elle vit partout où l’on choisit de rester pour bâtir, travailler et innover — souvent dans des conditions exigeantes — plutôt que de partir tenter sa chance ailleurs, au risque d’affronter des défis parfois encore plus rudes.
Construire des écosystèmes à taille humaine
Réinventer le développement régional ne signifie pas, toutefois, reproduire Tunis dans chaque gouvernorat. Il s’agit plutôt d’imaginer des modèles économiques enracinés dans les spécificités locales avec une agriculture intelligente qui valorise les productions du terroir, des industries culturelles et un tourisme durable connectés au patrimoine, des services de proximité innovants, un accès renforcé à la santé, à l’éducation et au numérique, ainsi qu’un essor des énergies renouvelables et de l’innovation sociale.
Portées localement, ces initiatives entrepreneuriales irriguent les territoires, elles retiennent les compétences, créent des emplois pérennes, renforcent la cohésion sociale et contribuent à alléger la pression démographique sur le littoral.
Une Tunisie qui se construit partout, par tous
«Régions en action» n’est pas un slogan. C’est une méthode, mais c’est aussi un état d’esprit. Celui d’un pays qui comprend enfin que son avenir ne se construira pas en concentrant l’espoir au même endroit, mais en le semant partout où une envie d’agir existe. La Tunisie ne se relèvera pas en se recentrant, elle se relèvera en se diffusant, en irrigant ses territoires d’opportunités, de savoirs, de réseaux et de confiance.
Faire le pari de la jeunesse, ce n’est pas prétendre l’aider ; c’est lui reconnaître la capacité d’inventer, de transformer et de prendre le relais. C’est croire que les projets nés dans les ateliers d’une île du Sud, dans un fablab du Nord-Ouest, ces laboratoires de fabrication numérique, ou dans un espace de coworking rural ont autant de valeur que ceux imaginés dans les tours de la capitale. C’est admettre que le génie tunisien ne se limite pas à une adresse, mais qu’il vit dans chaque idée, dans chaque retour, dans chaque rêve que l’on choisit de porter ici plutôt que d’exiler ailleurs.
Là où naissent les idées, renaît la Tunisie. Dans un village où un jeune crée une start-up agricole. Dans une petite ville où des femmes montent une coopérative culturelle. Dans un lycée d’une région intérieure où l’on découvre l’impression 3D, la robotique, l’art numérique, et où l’on ose en faire un avenir. Ce sont ces gestes, ces trajectoires individuelles, ces initiatives encore discrètes mais tenaces qui redessinent la carte du possible.
C’est ainsi qu’émerge une Tunisie polycentrique, créative, solidaire, non pas fragmentée mais reliée, non pas en concurrence mais en arc-en-ciel de talents et de vocations. Une Tunisie fière de chacune de ses régions : de leurs voix, de leurs accents, de leurs ressources et de leurs rêves. Une Tunisie qui n’attend plus d’être sauvée par un centre, mais qui avance parce que chaque territoire trouve en lui-même l’élan pour se relever et pour contribuer.
Ce mouvement n’est pas une promesse lointaine. Il a déjà commencé. Et chaque jeune qui décide de rester, chaque projet qui prend racine loin du front de mer, chaque idée qui trouve un mentor ou un incubateur à quelques kilomètres de chez elle, en est la preuve, l’avenir du pays se construit là où l’on choisit d’y croire.