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Le budget 2026 critiqué pour sa copie des exercices précédents et son recours massif à la fiscalité

  • 12 novembre 13:27
  • 5 min de lecture
Le budget 2026 critiqué pour sa copie des exercices précédents et son recours massif à la fiscalité

Des députés issus de différents blocs parlementaires ont estimé, mercredi 12 novembre 2025, que le budget de l’État pour 2026 n’est qu’une reproduction des budgets précédents, ajoutant qu’il repose principalement sur la fiscalité.

Lors d’une séance plénière conjointe organisée par l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) et le Conseil National des Régions et des Districts (CNRD), consacrée à la discussion du budget de la mission du ministère des Finances pour l’exercice 2026, le député du bloc “Pour que le peuple triomphe”, Nouri Jreidi, a déclaré que ce budget reprend une série de slogans creux copiés sur ceux des exercices précédents, avec seulement des modifications chiffrées.

Selon lui, le budget 2026 repose à 90 % sur la fiscalité, avec un recours accru à l’endettement. Il tend également à réduire le rôle de la Banque Centrale de Tunisie, sans proposer de solutions concrètes pour lutter contre l’économie de rente.

“C’est un budget qui injecte chaque année des milliards dans des entreprises et institutions publiques en faillite, dépourvues de programmes de réforme, tout en prévoyant un plan quinquennal de développement 2026-2030 incluant des projets locaux et régionaux que même les économies les plus solides ne pourraient financer”, a critiqué le député.

À ce titre, Jreidi a appelé à changer la monnaie pour contenir l’économie parallèle, supprimer le système de licences, lancer immédiatement la restructuration des ports et réexaminer les dettes “douteuses”.

Il a également insisté sur la nécessité d’accélérer l’adoption des projets relatifs aux codes de change, à l’investissement, aux hydrocarbures, à la douane et à l’eau, tout en soulignant l’importance de mettre en place la Banque postale tunisienne et d’encourager la diaspora à investir.
Pour sa part, le député du bloc “Amana wa Aamal” (Honnêteté et Travail), Salah Sayadi, a reconnu que le budget prévu pour 2026, comme les précédents, se limite à des chiffres principalement basés sur la fiscalité (90 %).

“Il faut une volonté réelle pour mener les grandes réformes et le courage politique nécessaire”, a-t-il affirmé, appelant à instaurer la justice fiscale, à améliorer la gestion de la dette publique, à contrôler les dépenses et à les orienter vers l’investissement, à simplifier les procédures de révision fiscale, et à renforcer le rôle du règlement amiable des litiges fiscaux.

Il a également jugé indispensable d’accélérer la digitalisation des systèmes fiscaux, douaniers et comptables, d’intégrer l’économie parallèle grâce à des mécanismes plus efficaces, tout en stimulant l’investissement, en améliorant le climat des affaires, en développant des politiques fiscales équitables et en renforçant les dispositifs de contrôle.

Absence de mesures pour intégrer l’économie informelle

Le député indépendant Abdelhalim Boussema a observé que les sources de financement du budget et les causes du déficit restent inchangées, critiquant le recours à une fiscalité supérieure à 90 %, qui exerce une pression sur les entreprises, notamment les petites et moyennes entreprises (PME), piliers de l’économie nationale.

Il a souligné que l’économie parallèle, représentant plus de 50 % de l’activité économique, reste hors du circuit officiel, sans mesures concrètes pour l’intégrer et tirer parti de sa contribution à la croissance et à la création de richesse.

Selon lui, la diversification des sources de financement ne doit pas passer par des impôts supplémentaires sur la richesse ou l’immobilier, mais par la stimulation des moteurs fondamentaux de la croissance et de l’investissement.

Le député a insisté sur le fait que le recours à l’emprunt intérieur et au financement par la Banque Centrale doit s’accompagner de mesures protégeant l’économie nationale contre les risques d’inflation et de contraction de l’investissement.

“Nous sommes entrés dans une situation d’urgence économique et il est nécessaire de passer à des réformes structurelles courageuses, retardées depuis des années”, a-t-il déclaré.

Par ailleurs, le député indépendant Badreddine Gammoudi a mis en garde contre la dépendance excessive à la fiscalité, soulignant que le modèle fiscal est resté inchangé depuis les années 1990.

Cette situation est préoccupante pour l’économie nationale et la pérennité des recettes de l’État, a-t-il ajouté, rappelant que la part des recettes fiscales dans le total des revenus a atteint 90,4 % en 2025 et se maintient à 90,9 % dans le budget proposé.

Il a en outre signalé l’absence de vision concernant la mobilisation des recettes non fiscales de l’État, malgré la politique de « compter sur soi », et s’est interrogé sur le sort des revenus issus des biens confisqués, des terres domaniales, de la production d’hydrocarbures livrée à la Société tunisienne des activités pétrolières à des prix préférentiels, ainsi que des partenariats public-privé.

Selon lui, la poursuite de cette approche “rigide” accentuera l’absence de justice fiscale et conduira à une gestion inefficace des ressources non fiscales.

Auteur

La Presse avec TAP