Chaque année, les producteurs de dattes de Tozeur se heurtent au même obstacle : les intermédiaires qui accaparent le marché et imposent leurs prix. Face à ce constat, la création d’un grand marché des dattes apparaît comme l’espoir tant attendu pour libérer les agriculteurs et redonner à leur travail sa juste valeur.
La Presse — À Tozeur, les producteurs de dattes, notamment de la variété Deglet Ennour, continuent de souffrir d’un problème chronique : la mainmise des intermédiaires sur l’écoulement de leurs récoltes. Chaque saison, les mêmes scènes se répètent : les agriculteurs travaillent dur, investissent des mois d’efforts et de ressources, mais au moment de vendre, ils se retrouvent piégés dans un système dominé par des spéculateurs qui dictent les prix, accumulent les bénéfices et laissent le producteur dans une situation précaire.
C’est pour mettre fin à cette injustice qu’un projet ambitieux refait surface : la création d’un grand marché régional des dattes à Tozeur. Plus qu’un simple lieu de commerce, ce marché est présenté comme un outil stratégique capable de redonner du pouvoir aux producteurs, de stabiliser les prix et de garantir une distribution plus transparente.
Le projet, longtemps bloqué par des lenteurs administratives et des reports successifs, suscite de grands espoirs. Selon Ibrahim Khalifa, producteur du secteur : « L’ouverture d’un marché de gros permettra de réduire le rôle des intermédiaires, de rapprocher directement producteurs et consommateurs et de créer une dynamique économique dans toute la région. C’est la seule solution pour sortir l’agriculteur de l’étau des spéculateurs ».
En plus d’un impact direct sur les revenus des producteurs, le marché pourrait stimuler l’emploi local, offrir des opportunités aux jeunes diplômés et donner une nouvelle impulsion à la filière dattière, pilier de l’économie dans ces contrées.
Mais au-delà des annonces, les agriculteurs attendent des actes concrets. Car pour eux, chaque retard dans la mise en œuvre du projet signifie une nouvelle saison perdue et un nouveau cycle d’exploitation par les intermédiaires.
Le marché des dattes à Tozeur pourrait donc être bien plus qu’un projet économique: un outil de justice sociale, une bouée de sauvetage pour des milliers de familles qui vivent de cette culture et qui aspirent simplement à vendre le fruit de leur travail à sa juste valeur.