L’AFPEC organise une journée d’étude au Cinémadart à Carthage : Le génocide à Gaza comme corpus
La pédopsychiatre et psychanalyste Amira Zaâter y proposera une intervention intitulée : «Du malaise au génocide : Un échec de civilisation ?». Elle y questionnera plus spécifiquement les effets de ce génocide sur la psyché des enfants et des adolescents : Que rêvent-ils ? Que dessinent-ils? Comment leur expliquer le meurtre de plus de dizaines de milliers d’enfants abattus de sang-froid ou affamés ?
La Presse —L’Association de formation à la psychanalyse et d’échangés cliniques (Afpec) organise, le 6 septembre au Cinémadart à Carthage, une journée d’étude autour du thème : «De la rivalité fraternelle à la haine fratricide».
Il y est question de poursuivre des questionnements et réflexions entamés l’année dernière autour du génocide à Gaza et en Cisjordanie, de la colonisation, et des effets du nettoyage ethnique des Palestiniens sur les subjectivités. Quatre ateliers de réflexion ont été alors organisés abordant les questions : «Que nous apprend Gaza sur nous-mêmes ?», «Les effets de l’impérialisme sur les subjectivités» à partir des textes d’Edward Saïd, «Penser le colonialisme avec Frantz Fanon» et «Peut-on encore rêver d’un monde habitable ?».
«En Tunisie, patients et cliniciens sont durement affectés par la tragédie que vivent les Palestiniens. Elle s’est imposée dans les cures, tant dans sa dimension politique et éthique que par ses échos subjectifs en lien avec l’infantile», notent les organisateurs de l’événement, soulignant que la violence et la cruauté perpétrées contre les enfants palestiniens font émerger de façon traumatique dans les cures des défenses archaïques et des sentiments de désaide/détresse qui n’étaient jusque-là que peu élaborés.
Ils ajoutent que l’alignement inconditionnel de la majorité du monde occidental sur la politique d’Israël a amené chacun d’entre nous à se poser des questions identitaires. Cela a réactualisé la question coloniale, en nous faisant reconsidérer notre rapport à nous-mêmes, à l’autre, à la notion de l’étranger articulée à la culture, à l’Idéal.

Pour eux, l’extermination de masse des Palestiniens, commise par l’entité sioniste, constitue une rupture anthropologique, un risque pour chacun, patients et thérapeutes, d’effondrement psychique qu’il est nécessaire, voire vital, de déplier.
Des arguments qui viennent abreuver cette journée d’étude, qui débutera avec un atelier de réflexion exclusivement ouvert aux cliniciens. Intitulé : «Actualités cliniques dans le contexte du génocide à Gaza», il sera introduit et modéré par Nédra Ben Smail et abordera des questions liées à la dimension politique dans la réalité psychique du patient et celle de l’analyste, ainsi que la manière dont le politique affecte l’espace de la cure altérant parfois de manière significative les rapports transférentiels et contre-transférentiels.
À partir de 14h00, le programme sera ouvert au public. La pédopsychiatre et psychanalyste Amira Zaâter y proposera une intervention intitulée : «Du malaise au génocide : Un échec de civilisation ?».
Elle y questionnera plus spécifiquement les effets de ce génocide sur la psyché des enfants et des adolescents : Que rêvent-ils ? Que dessinent-ils ? Comment leur expliquer le meurtre de plus de dizaines de milliers d’enfants abattus de sang-froid ou affamés ?
Le psychiatre et psychanalyste Gérard Haddad (auteur de plusieurs livres dont «Le Complexe de Caïn» et «Archéologie du sionisme») présentera une réflexion intitulée : «D’Œdipe à Caïn, un renouveau de la psychanalyse ?».
Il s’appuiera, entre autres, sur Freud, qui place la haine originaire au cœur de la psyché humaine, antérieure même à l’amour. Ce dernier désigne le meurtre du père et l’entente entre les fils qui suivra comme éléments fondateurs des sociétés humaines, les assises indispensables à toute civilisation.
Il écrit, comme le rappellent les organisateurs : «L’essence de la famille est un meurtre» (Totem et tabou – 1913). Comment passe-t-on de la rivalité fraternelle à la haine fratricide ? Et que nous révèle cette dynamique, à la lumière des tragédies actuelles? C’est à cette question qu’essaiera de répondre Haddad.
La journée se clôturera par l’intervention du psychologue clinicien et écrivain Aymen Daboussi, qu’il a choisi de nommer : «De quoi Gaza est-elle le nom».