Sur les routes, des camions cabines chargés de ce qui semble être des boissons circulent à vitesse raisonnable. Les conducteurs, calmes et disciplinés, attendent le feu vert pour s’engager dans un grand carrefour.
La Presse — Les entrées principales de Mahdia, Sousse, Hammamet, La Goulette, Tunis, etc., les centres-villes sont dégagés. Les trottoirs sont nets. Les piétons n’ont plus à zigzaguer entre obstacles, tables, squelettes de n’importe quoi pour s’approprier une partie des trottoirs ou de la chaussée.
D’une camionnette de transport de laitages, yaourts et fromages, soigneusement rangée contre le trottoir, le fournisseur ouvre la porte. L’air frais qui déferle, alors qu’il fait près de quarante degrés, est vivifiant.
Le taxi met son clignotant et se range à près de vingt mètres de celui qui lui a fait signe. Curieusement, il ne s’est pas arrêté en plein carrefour pour embarquer son client.
Et ce taxi collectif qui refuse de prendre plus de passagers que lui permet la réglementation en vigueur.
Mais que se passe-t-il?
Comme il n’est pas interdit de rêver, nous avons imaginé ce que pourraient devenir nos centres-villes, amochés par ces décisions insensées et frauduleuses que commerçants ou vendeurs ambulants prennent pour s’installer ou ranger en attente, leurs livraisons ou marchandises. Ils s’arrogent le droit de s’octroyer cet espace en empêchant les automobilistes de se garer devant leurs établissements. Une dame qui pousse sa poussette sur la chaussée pour céder le trottoir à des piles d’eau et de boissons gazeuses, cela tient de l’incroyable.
Oui, parce qu’actuellement dans un pays qui reçoit des millions de visiteurs, on se permet ces débordements qui donnent une idée peu flatteuse de nos villes et villages.
On peut rénover et dépenser des centaines de millions pour remettre en état une place, juste à côté, on se permet tout. Par exemple, laisser une journée durant, des bacs à ordures déborder au point que l’on est obligé de se boucher le nez pour passer. Nos visiteurs, auront de beaux souvenirs des senteurs de notre pays.
Pour des raisons que toutes les personnes sensées n’ont jamais pu comprendre, on se refuse de réagir contre ces insuffisances et débordements. Au point de finir par croire que cette léthargie est tout simplement une collusion entre les fautifs et les autorités des villes, où règne cette situation à laquelle on n’a pu apporter de solution. En effet, comment expliquer que ni responsables municipaux, ni autres notables de la ville ne voient rien ?
Nous avons toujours soutenu qu’il fallait mettre en place des brigades volantes qui pourraient remettre de l’ordre et appliquer la loi.
Et c’est là raison pour laquelle nous saluons la création de ce nouveau corps au sein de la Garde nationale dont la première promotion est sortie à l’occasion du 69e anniversaire de sa création.
Cette cérémonie s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la directive du Président de la République visant à créer «une unité nationale de la garde municipale, qui sera en première ligne pour soutenir les agents de la direction de la concurrence économique du ministère du Commerce.
Cette unité contribuera à la préservation de la sécurité alimentaire en Tunisie, à la lutte contre la spéculation et la contrebande, et sera également chargée de la surveillance des constructions illégales ainsi que de la préservation de l’environnement».
Et voilà, nous y sommes enfin !
Parce qu’avec la Garde nationale qui veille sur nos frontières, nos routes et nos institutions, nous protège par monts et par vaux, il n’y aura pas de tergiversations. La loi sera appliquée sans hésitation avec la rigueur qu’impliquent le respect et la discipline qui s’imposent. Et qui dit application de la loi, dit conception d’une véritable organisation, de réseaux de renseignement, d’exploitation des réglementations en vigueur, de mise à jour et à niveau pour améliorer et consolider l’acquis, remonter à la source des fautes commises et punir les contrevenants.
On a l’impression que ces fournisseurs oublient, ou feignent de l’ignorer, que leur responsabilité est engagée. Ceux qui livrent des produits de consommation sensibles, dont le transport n’est pas assuré par des moyens sûrs et conformes à la règle de la bonne conservation (l’absence de rupture de la chaîne du froid notamment) sont les premiers coupables.
Il est quand même anormal qu’un fabricant de produits alimentaires sensibles et périssables livre ces denrées à des transporteurs sans cabines réfrigérées. Ou que des boissons, eau ou autres soient transportées en toutes saisons, sans cabine de protection fermée, comme de vulgaires chargements de briques de construction ou de madriers. Soleil ardent, pluies, vents de sable et autres phénomènes naturels agissent et détériorent chacun à sa façon ces produits sensibles, destinés à la consommation humaine.
Ne parlons pas de ces constructions qui jaillissent n’importe où et défigurent une côte ou une cité, de ces rejets dans la nature de déchets chimiques ou médicaux, de gravats qui obstruent la moitié d’une rue, etc.
Il était bien temps de remettre de l’ordre.
Ce n’est donc pas un rêve, mais bien l’avènement d’une nouvelle ère pour l’esthétique et la beauté de nos villes, pour la protection des consommateurs et de l’environnement et pour l’organisation de notre logistique, plongée dans une désorganisation indescriptible.
Tout simplement.