Recevant le gouverneur de la BCT : Kaïs Saïed alerte sur les flux financiers occultes
En multipliant les mises en garde sur ce sujet sensible, le Président affirme sa détermination à surveiller de près les flux financiers illicites.
Cette constance témoigne de sa conviction que la protection de l’économie et de la souveraineté financière relève d’un engagement continu, essentiel à la stabilité de la Tunisie.
La Presse — En recevant le 6 octobre le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), le Président de la République, Kaïs Saïed, a renouvelé les avertissements contre un fléau aux effets dévastateurs, à savoir l’acheminement clandestin de fonds colossaux depuis l’étranger. Derrière ces flux d’argent dissimulés, souvent blanchis ou transférés illégalement, se dessinent des circuits parallèles profitant à des personnes ou à des structures opérant en dehors de tout cadre de contrôle.
Le Chef de l’État a souligné que «d’énormes sommes d’argent sont acheminées depuis l’étranger dans l’ombre, tandis que d’autres sont blanchies ou transférées illicitement, profitant à certaines personnes physiques ou morales». Cela nous mène à conclure d’emblée que le mode opératoire des «arrivistes» de la décennie noire et de l’ancien clan du régime déchu de Ben Ali semble toujours en place, imperturbable devant les dispositifs de contrôle et de suivi de la Commission tunisienne d’analyse financière (Ctaf) relevant de la BCT, rappelant aussi que la vigilance et l’action continue des autorités restent indispensables pour protéger l’économie nationale et la souveraineté financière du pays.
Le Chef de l’État a aussi précisé que ces pratiques doivent cesser, car elles contreviennent non seulement aux lois nationales, mais également aux conventions et traités internationaux. Il a ajouté que de nombreuses pratiques et infractions doivent, elles aussi, être arrêtées immédiatement, parce que le problème ne réside pas seulement dans la législation, malgré ses lacunes, mais aussi dans son application. «Ceux qui sont chargés de cette application doivent assumer pleinement leurs responsabilités». a-t-il martelé, pointant ainsi et sans le dire ouvertement l’instrumentalisation et le contournement de la loi.
Une préoccupation récurrente au sommet de l’État
Toutefois, et au-delà du constat, les conséquences de ces pratiques soulèvent des inquiétudes, car elles se traduisent par une fragilisation de l’économie nationale, une érosion de la confiance dans les institutions, une banalisation de la corruption et, à terme, une atteinte directe à la souveraineté financière du pays.
Ces conséquences soulèvent aussi des questionnements autour de la persistance de ces pratiques puisque ce n’est pas la première fois que Kaïs Saïed évoque lors de ses rencontres le rôle de la Ctaf. En effet, dès le mois de février 2025, il avait reçu au Palais de Carthage le gouverneur de la BCT, insistant alors sur la mission cruciale de cette commission, appelée à assumer pleinement son rôle afin de protéger l’économie nationale contre les financements suspects et les opérations de blanchiment d’argent.
Cette préoccupation s’est de nouveau manifestée en mars 2025. A l’occasion d’un entretien au palais de Carthage avec le gouverneur de la BC, le Chef de l’État a exhorté la Ctaf à assumer totalement ses responsabilités, jugeant ses résultats «insuffisants face à la persistance de financements d’origine suspecte».
En août dernier et lors de sa rencontre avec le gouverneur de la BCT, venu lui remettre le rapport annuel de la BCT pour l’année 2024, le Chef de l’État a une fois encore insisté sur «la nécessité pour la Ctaf de jouer pleinement son rôle dans la lutte contre la corruption, le blanchiment d’argent et la fuite des capitaux à l’étranger».
Si Kaïs Saïed revient, réunion après réunion, sur la question du blanchiment et des flux financiers occultes, cela veut dire que la menace persiste et que les solutions tardent à se concrétiser. En répétant ses mises en garde, le Président cherche à maintenir la pression sur un dossier très sensible. Cette constance traduit sa conviction que la défense de la souveraineté financière ne saurait être un effort passager, mais un engagement ferme et continu, essentiel à la crédibilité et à la stabilité de la Tunisie.