Tunisie – Chine : Une coopération exemplaire qui résiste au temps
Le chantier chinois, ouvert partout sous nos cieux, ainsi que l’échange politico-diplomatique et économique positif et constructif qui marque nos relations d’amitié historiques et privilégiées, incitent à mettre en avant l’appui constant de ce géant asiatique et son choix d’investir en Tunisie.
La Presse — 61 ans déjà, et pas une ride. La Tunisie et la Chine entretiennent des relations d’amitié mutuellement bénéfiques. Une coopération bilatérale multisectorielle qui se développe, au fil du temps, cultivant ainsi les mêmes valeurs d’humanisme et de citoyenneté universelle. Cette dynamique semble être, de plus en plus, galvanisée.
Marchés conclus
Cela remonte à 1964 où une telle coopération avait pris forme, alors que la Tunisie post-indépendance commençait à émerger, à pas lents, pour se forger une image. A l’époque, le pays, à peine sorti du giron de l’occupant, avait besoin d’autonomie et d’une stratégie globale de planification et de développement. L’œuvre nationale n’était pas aussi facile, mais l’ambition d’aller plus loin était grande. Et pour cause. On cherchait, depuis, à se faire entourer d’amis et de partenaires étrangers.
La Chine était parmi les premiers à avoir répondu à l’appel, avec qui la Tunisie avait des liens solides, basés sur une coopération solidaire aboutie. En vertu de quoi une armada de mégaprojets figurait sur l’ordre du jour des deux pays, dont certains déjà réalisés, d’autres sont encore en plein chantier.
D’ailleurs, plusieurs marchés ont été conclus, suite aux divers accords signés en matière d’infrastructures, d’éducation, de jeunesse, de technologies et de tourisme. Le dernier en date est celui relatif aux travaux de construction du viaduc principal du nouveau pont qui sera érigé au-dessus du canal de navigation à Bizerte, dont la mise en service est prévue pour le troisième trimestre de 2027, conformément aux termes du contrat.
Et ce n’est pas tout. La rénovation de la maison des jeunes d’El Menzah, la construction d’un centre culturel à Ben Arous, de cinq hôpitaux au Nord-Ouest du pays font aussi partie des réalisations chinoises en Tunisie. Et bien d’autres investissements colossaux touchant à plusieurs domaines d’activités.
Cela va sans dire que la Chine, présente sous nos cieux depuis longtemps, n’a cessé de faire don de fonds et d’assistance technique et logistique. Par ailleurs, il y a lieu de souligner, également, un respect mutuel, des rapports d’égal à égal et une convergence de vues sur bien des questions d’intérêt commun.
«Dès 1960, Pékin avait soutenu Tunis dans ses choix de développement, en envoyant des missions médicales, en accordant des bourses d’études et en participant à des projets structurant en matière d’infrastructure, d’agriculture et de culture. Cette amitié s’est nourrie d’un dialogue constant et d’un attachement partagé aux principes de non-ingérence et de respect de la souveraineté, ce qui a renforcé la confiance politique entre les deux pays», ainsi témoigne un membre du bureau de l’Association d’amitié Tunisie-Chine (Aatc).
Aujourd’hui, l’on ne peut que croire, dur comme fer, aux valeurs de solidarité et de coopération profondément ancrées dans nos relations stratégiques.
Un modèle quasi unique !
«Entre la Tunisie et la Chine, une histoire deux fois millénaire, où nos ancêtres et prédécesseurs avaient eu à vendre et échanger sur la mythique Route de la soie. Ils nous ont, pour autant, tracé des chemins croisés aux objectifs communs. Et jusqu’à ce jour, à cette ère nouvelle, nos relations bilatérales d’amitié et de coopération ne cessent de s’enrichir et se développer à bien des égards».
C’est en ces termes que M. Tshui Ching Chan, membre du Comité central du Parti communiste chinois (PCC), avait résumé les relations sino-tunisiennes à l’ouverture du congrès «Dialogue de civilisations, de Pékin à Carthage», en juin 2023 à Tunis.
En fait, de l’Afrique au Maghreb, en passant par la Tunisie, l’ouverture de la Chine s’inscrit dans sa nouvelle «Initiative de civilisation mondiale», lancée, il y a deux ans, pour le bien-être du citoyen du monde. Aussi, s’agit-il d’un nouveau modèle du développement à la chinoise global et inclusif, avec une vocation humaniste, sans conflits armés. Autant dire, une nouvelle vision du monde, où le capital humain serait à la fois le moyen et la finalité de tout plan d’action.
Cette approche a dû en faire, ces dernières années, l’exemple quasi unique visiblement imbattable : «Son taux de croissance avoisine 6 %, soit trois fois plus le taux mondial situé à 2,6%, et dépasse de loin celui réalisé aux USA, en Europe ou au Japon», selon des sources fiables. Sa contribution à l’économie mondiale étant aux alentours de 30%.
Regards croisés
Et le membre de l’Aatc d’ajouter que «le modèle de modernisation chinois repose sur une combinaison unique : une planification étatique forte, une ouverture progressive au marché mondial et un investissement massif dans les technologies, les infrastructures et la transition énergétique.
La Tunisie en a concrètement bénéficié à plusieurs niveaux». De quoi intéresser nos hommes d’affaires pour se tailler la part du lion dans le marché chinois. De même, nombre d’investisseurs chinois ont mis le paquet pour se lancer dans un vaste chantier à ciel ouvert. Autant de projets qui nous ont rapporté une valeur ajoutée.
Certes, ce n’est pas par hasard que le modèle chinois, modernisé et pragmatique, a pu envahir le monde entier. Sa réussite fait écho à trois raisons majeures: «Le leadership du Parti communiste chinois (PCC), la diligence du peuple et son harmonie avec le PCC, qui l’a toujours placé au centre de ses préoccupations, afin de lui favoriser un cadre de vie meilleur», selon un investisseur tunisien ami de la Chine. Et d’ajouter que son partenariat économique est en passe de se renforcer davantage.
La Tunisie, un pont entre le monde arabe et l’Afrique
Et afin que notre coopération avec la Chine prenne une nouvelle dimension, plusieurs pistes s’offrent, selon le membre de l’Aatc. Sa proposition va dans le sens attirer davantage d’entreprises chinoises en Tunisie, notamment dans l’automobile électrique, la logistique, l’agro-industrie, l’intelligence artificielle, les start-ups technologiques, la cybersécurité et l’énergie verte. Mais aussi d’encourager la création de zones industrielles conjointes et se focaliser sur les échanges universitaires, le tourisme et la coopération culturelle.
Cela s’inscrit, somme toute, dans l’approche de promotion du capital humain telle qu’elle a été initiée par la Tunisie et développée par la Chine. «La Tunisie pourrait servir de pont entre la Chine, le monde arabe et l’Afrique, en tirant parti de sa position géostratégique en Méditerranée», a-t-il estimé.
En conclusion, l’amitié tuniso-chinoise s’inscrit dans une continuité historique et un avenir prometteur. Elle peut devenir un levier de modernisation et de développement partagé, si elle s’appuie sur des projets concrets, équilibrés et portés par une vision à long terme, comme le pensent certains hommes d’affaires tunisiens.