gradient blue
gradient blue
Société

Chaque jour, 300 élèves quittent les bancs de l’école

Avatar photo
  • 20 novembre 15:47
  • 3 min de lecture
Chaque jour, 300 élèves quittent les bancs de l’école

L’Institut Supérieur des Sciences Sociales et de l’Éducation de Gafsa a accueilli, ce jeudi 20 novembre 2025, un colloque scientifique consacré à l’étude du dossier du décrochage scolaire : causes et solutions, avec la participation d’experts et d’académiciens en éducation. Cette rencontre visait à diagnostiquer l’une des problématiques les plus complexes auxquelles est confronté le système éducatif en Tunisie.

Au cours de l’événement, Lotfi Labassi, Docteur en histoire contemporaine et Inspecteur général distingué au Ministère de l’Éducation, a présenté une longue intervention révélant des données précises et des chiffres choquants qui soulignent l’ampleur et la gravité de la crise.

Le conférencier a expliqué qu’environ 300 élèves quittent l’école chaque jour, soit une moyenne annuelle oscillant entre 60 000 et 100 000 décrocheurs. Ce chiffre colossal témoigne d’une hémorragie continue dans les rangs des apprenants, en particulier dans les régions intérieures et les établissements scolaires qui souffrent de la fragilité des infrastructures et du manque d’encadrement.

Il a ajouté qu’entre 2010 et 2020, les écoles tunisiennes ont enregistré l’échec d’environ un million d’élèves à différents niveaux d’enseignement, ce qui a coûté à l’État plus de 345 millions de dinars, soit l’équivalent de 13 % du budget du Ministère de l’Éducation. Il a estimé que ce fardeau financier est sans commune mesure avec l’ampleur des pertes sociales et humaines engendrées par l’abandon scolaire, notamment l’augmentation des taux de chômage, la montée de la délinquance et le recul de l’intégration dans la vie économique.

Le docteur a souligné que ces indicateurs ne peuvent être traités comme de simples chiffres inertes ; ils sont le reflet d’une réalité sociale complexe où s’entremêlent des facteurs tels que la pauvreté, l’absence de transport scolaire, la baisse du niveau des apprentissages, l’absence d’activités parallèles, ainsi que la faiblesse du soutien psychologique et pédagogique aux apprenants.

Il a également appelé à une nécessaire révision des politiques éducatives actuelles, au développement des méthodes d’enseignement et à la création d’un climat scolaire attractif qui redonne à l’élève l’envie d’apprendre et de poursuivre son parcours scolaire.

Les participants au colloque ont affirmé que le traitement de ce dossier nécessite une vision de réforme globale impliquant les Ministères de l’Éducation, des Affaires sociales, des Transports et de la Santé, en plus du rôle de la famille et de la société civile. Ils ont considéré que l’avenir de centaines de milliers d’élèves dépend de la capacité de l’État à mettre en place des stratégies efficaces pour réduire l’abandon et soutenir les chances de succès.

Les travaux du colloque se sont conclus par l’affirmation que le décrochage scolaire n’est plus un simple phénomène passager, mais une dérive dangereuse qui exige une intervention urgente et une volonté politique claire pour sauver l’école publique et la prémunir contre la vague d’abandon et d’échec.

Avatar photo
Auteur

La Presse