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Finance digitale : Des indicateurs en hausse, un potentiel à concrétiser

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  • 19 décembre 18:30
  • 5 min de lecture
Finance digitale : Des indicateurs en hausse, un potentiel à concrétiser

Avec la progression des chiffres réalisés, la finance digitale est en train de percer le marché tunisien. Mais il reste encore du pain sur la planche pour qu’elle change d’échelle.

La Presse — La finance digitale poursuit sa progression en Tunisie, portée par l’évolution des usages et les récentes réformes réglementaires. C

artes de paiement, terminaux électroniques, e-commerce et solutions innovantes redessinent progressivement le paysage des transactions, révélant à la fois des avancées notables et des marges de développement encore importantes. 

En 2025, Monétique Tunisie (SMT) a recensé 6 millions de cartes de paiement en circulation, dont 62 % sont actives, c’est-à-dire utilisées pour effectuer au moins une transaction au cours des 12 derniers mois.

Selon son directeur général, Bilel Darnaoui, ces chiffres constituent un indicateur très encourageant, dans la mesure où ces cartes peuvent ensuite être utilisées comme moyens de paiement sur des applications mobiles. 

En moyenne, un Tunisien détient 1,4 carte, tandis que le nombre de consommateurs disposant d’au moins une carte s’élève à 4,8 millions.

Sur le plan des équipements, le pays compte actuellement 3.300 distributeurs automatiques et près de 43 mille terminaux de paiement électronique (TPE).

Pour la seule année 2025, plus de 4.000 TPE ont été installés, une hausse qui s’explique principalement par l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation sur les chèques.

2.000 sites de e-commerce, mais…

Le commerce électronique constitue un autre indicateur révélateur du potentiel de la finance digitale. Si la Tunisie compte environ 2.000 sites de e-commerce, seuls 50 % d’entre eux sont réellement actifs, sachant qu’une grande partie est dédiée au paiement de factures ou aux recharges téléphoniques.

Porté par la démocratisation des équipements, le nombre de transactions digitales s’est élevé à 123 millions au cours de l’année, générant un volume de 20 milliards de dinars.

Ce chiffre pourrait atteindre 160 millions de transactions d’ici fin décembre, réparties entre 40 % d’opérations de paiement et 60 % de retraits.

Les opérations de paiement, quant à elles, ont progressé de 20 %, traduisant, selon le responsable, une tendance de fond amorcée depuis plusieurs années, mais accélérée par la promulgation de la loi sur les chèques.

« Le marché est en train de s’équilibrer et de trouver des solutions. Les banques, fintechs et établissements de paiement ont développé des offres pour répondre aux besoins de leur clientèle.

Il y a une évolution réelle et les utilisateurs commencent à adopter de nouveaux réflexes et à utiliser davantage ces moyens de paiement », a-t-il ajouté.

S’agissant du paiement mobile, Bilel Darnaoui explique qu’il en est encore à ses débuts.

On recense actuellement 470 mille wallets, générant près de 6 millions de transactions pour un volume de mouvements estimé à 1,3 milliard de dinars.

Ces wallets sont majoritairement utilisés pour le paiement des factures et les recharges téléphoniques, tandis que les transactions de type face-to-face avec les commerçants restent inexistantes.

Un constat qui met en lumière le chemin qu’il reste à parcourir pour démocratiser le paiement mobile en Tunisie.

Développer des paiements différés

« Au-delà de ces chiffres, nous observons un changement de comportement du consommateur tunisien. Il recourt de moins en moins au retrait, même si ces opérations ont enregistré une croissance au cours des 12 derniers mois », a-t-il affirmé.

Interrogé par La Presse sur la solution « Buy Now Pay Later » (BNPL), annoncée l’année dernière, Darnaoui a indiqué que les banques ont désormais lancé leurs propres produits BNPL.

« L’objectif était de transférer le risque, auparavant supporté par le commerçant à travers l’acceptation de chèques de garantie, vers les banques, dont le cœur de métier est précisément la gestion du risque », a-t-il expliqué. 

Il s’agit, selon lui, de solutions technologiques répondant à un double besoin : développer le chiffre d’affaires des commerçants en leur permettant d’accepter des paiements différés, tout en répondant aux attentes des consommateurs et en confiant la gestion du risque aux banques.

Par ailleurs, le directeur général de SMT a annoncé que la société prévoit le lancement, fin 2026, d’un schéma de paiement national.

Ce projet vise à mettre en place un dispositif englobant à la fois le paiement par carte et le paiement via wallet.

Il permettra au consommateur de disposer d’un compte gérable depuis son téléphone pour payer des commerçants ou des factures, effectuer des virements, retirer des espèces sans carte… « Cela implique notamment la notion de tokenisation.

Ce sont des initiatives importantes qui devraient produire des résultats à court terme », a conclu Darnaoui.

Il est à noter que la notion de tokenisation est un procédé de sécurisation des transactions qui consiste à remplacer les données sensibles de paiement par des identifiants numériques uniques, limitant ainsi les risques de fraude et renforçant la protection des utilisateurs.

Si les avancées sont tangibles, la finance digitale tunisienne demeure à un moment charnière de son développement. L’enjeu, désormais, est de faire converger innovation, réglementation et usages pour inscrire cette transformation dans la durée.

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Auteur

Marwa Saidi