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PanAfrican Payment and Settlement System (Papss) : Une nécessaire adhésion des banques commerciales tunisiennes

  • 30 août 17:40
  • 4 min de lecture
PanAfrican Payment and Settlement System (Papss) : Une nécessaire adhésion des banques commerciales tunisiennes

Instauré en 2022 par la banque panafricaine « Afreximbank », le « Papss » entend s’imposer comme une solution efficace aux problèmes des paiements transfrontaliers en Afrique. L’adhésion, en 2024, de la Banque centrale de Tunisie à ce système marque un pas décisif.

La balle est, désormais, dans le camp des banques commerciales qui, en y souscrivant, elles permettront aux entreprises tunisiennes de dynamiser leurs échanges avec le reste du continent.

La Presse — En parlant de l’intégration économique de l’Afrique, notamment de l’amélioration des échanges commerciaux entre les pays du continent, on évoque souvent des difficultés liées principalement au transport, à la logistique ainsi qu’au financement des opérations d’import-export. Pourtant, les paiements transfrontaliers constituent l’un des freins majeurs. Ils représentent, surtout, un manque à gagner estimé à plusieurs milliards en devises. 

Selon un rapport récent sur le paysage des paiements transfrontaliers en Afrique, publié par la société africaine de capital-risque « Oui Capital », le continent enregistre les coûts de transferts les plus élevés au monde, avec une moyenne comprise entre 7,4 % et 8,3 %, en raison principalement de la fragmentation réglementaire et d’une interopérabilité numérique limitée. 

Hausse des coûts des transactions

En effet, seuls 55 % des pays africains autorisent la vérification d’identité électronique (e-KYC), un processus numérique qui permet aux institutions financières de vérifier l’identité d’un client à distance, sans nécessiter de déplacement physique ni de documents papier. 

Cette restriction entraîne des processus de conformité répétés, tandis que des politiques de change incohérentes accentuent l’incertitude et renchérissent les coûts des transactions. Le rapport souligne, également, que les compensations offshores en dollars et en euros génèrent 5 milliards de dollars de coûts supplémentaires par an, en raison du manque de liquidité et des conversions doubles de devises. Malgré ces contraintes, le marché africain des paiements transfrontaliers poursuit une courbe ascendante. 

Évalué à 329 milliards de dollars en 2025, il devrait atteindre 1.000 milliards de dollars en 2035. Porté par l’essor du commerce africain, l’augmentation des migrations, la montée en puissance du mobile money et l’innovation fintech, son véritable potentiel reste néanmoins freiné par des obstacles persistants tels que les frais de transaction élevés, la volatilité des devises et la fragmentation réglementaire, qui continuent d’entraver la fluidité des opérations.

Une solution africaine pour les Africains 

Qualifié de révolutionnaire, le mécanisme « Pan African Payment and Settlement System », instauré en 2022 par la banque panafricaine « Afreximbank », entend dans ce contexte s’imposer comme une solution efficace aux problèmes des paiements transfrontaliers. 

Ce système vise à faciliter le commerce et les transactions financières entre les pays africains, en s’alignant sur l’Accord de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Son objectif est de relier les banques centrales, les banques commerciales et les fintechs du continent au sein d’un réseau permettant d’effectuer des paiements rapides et peu coûteux dans n’importe laquelle des 42 monnaies africaines. 

À ce jour, 16 banques centrales et près de 500 banques commerciales, principalement en Afrique de l’Est et de l’Ouest, ont déjà intégré ce système. Dans cette dynamique, la Banque centrale de Tunisie a franchi un grand pas en février 2024 en y souscrivant. L’adhésion des banques tunisiennes, encore réticentes (seules deux y ont souscrit), demeure toutefois nécessaire pour que les opérateurs économiques tunisiens puissent réellement en bénéficier.

 « Il s’agit du mécanisme le plus important qui va permettre aux entreprises tunisiennes de réaliser un saut en avant dans leurs échanges avec l’Afrique », a déclaré récemment Lazhar Bennour, directeur général de la Coopération économique et commerciale au ministère du Commerce. « Il leur permettra d’importer des produits en réglant leurs fournisseurs en dinar tunisien. Ce mécanisme est révolutionnaire pour tout le continent et ceux qui prendront le train en marche en profiteront le plus », a-t-il ajouté.

Soulignant que le « Papss » contribuera à dynamiser les échanges avec le reste du continent, le responsable appelle les entreprises tunisiennes à plaider en faveur de ce mécanisme auprès des banques de la place et à les encourager à y adhérer.

Plusieurs rapports et sources mettent en avant l’importance du « Papss » pour les paiements transfrontaliers en monnaies locales en Afrique, avec une économie potentielle estimée à 5 milliards de dollars par an. Par ailleurs, les efforts de la Zlecaf, visant à harmoniser les systèmes financiers, devraient réduire la dépendance du continent vis-à-vis de Swift et des intermédiaires bancaires internationaux.

Auteur

La Presse