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Première édition de Kotouf à Djerba : Cap sur les littératures du Sud

  • 20 octobre 18:20
  • 5 min de lecture
Première édition de Kotouf à Djerba : Cap sur les littératures du Sud

Houmet Souk vibre autrement en ce mois d’octobre, avec le lancement de la première manifestation littéraire francophone, consacrée aux littératures du Sud.

Sobrement appelée Kotouf, ces rencontres incitent à la cueillette d’un savoir et à des échanges édifiants, en présence d’une quinzaine d’écrivains francophones, internationaux et tunisiens. 

La Presse —Il s’agit d’une édition pilote qui a pris plus de 2 ans à voir le jour. Dirigée par un comité exclusivement féminin, porté par la volonté des Djerbiens, d’acteurs locaux, de journalistes, et en présence d’écrivains de renommée internationale, Kotouf promet une nouvelle dynamique culturelle dans la région, inclusive, et qui a, comme objectif, de mettre en relief la richesse incommensurable du Sud global. Le Sud et ses diverses langues, dialectes, richesses.

Point de départ et d’ancrage   

Il était important pour les fondatrices du festival de décentraliser la pensée, loin des grandes villes, des capitales et du nord. Djerba est une destination insulaire, à la culture millénaire, traversée par de nombreuses cultures toutes aussi riches les unes que les autres. Dans l’imaginaire commun, elle est balnéaire, touristique, célèbre pour son tourisme de masse. La richesse de cette destination, nouvellement inscrite dans le patrimoine de l’Unesco, n’est pas assez mise en valeur. 

Cette plongée Kotouf a pour objectif de valoriser la culture sur l’île, la gastronomie ou encore l‘aspect historique. Marielle Anselmo, enseignante, chercheuse, poétesse, Sourour Barouni, professeure d’anglais, doctorante, Mounira Dhaou, agrégée en langue et littérature arabe, chercheuse et Fatma Dellegi Bouvet-de la Maisonneuve, écrivaine, médecin- psychiatre, ont travaillé dur afin de concrétiser leur initiative. 

En arpentant le centre de la ville, ses souks, jusqu’à l’arrivée au Centre culturel méditerranéen de la ville, jeunes bénévoles, festivaliers et invités se mélangent et tracent leur programme. Littérature rime avec savoir et connexion avec les élèves des établissements scolaires de la région. Un arrêt à l’école «Nouvelles générations», fondée en 2018, devait impérativement se faire. Corps enseignants et élèves échangent autour de la question de l’écrit et de l’oralité, à travers l’usage de la langue française. 

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Les élèves-adolescents discutent de quelques débouchés professionnels et spécialités qui suscitent la curiosité : Qu’est-ce qu’être journaliste spécialiste en presse écrite ? Quel pouvoir possèdent la caricature, l’illustration, l’image, le dessin ? Qu’est-ce que faire de la radio en langue française dans un pays comme la Tunisie ? Autant d’interrogations qui permettent à la discussion de foisonner, notamment avec les professeurs présents sur place. 

Houda ben Yahia est Dre en psychologie clinique de l’enfant, psychologue clinicienne, souligne, à travers sa prise de parole, l’omniprésence de l’écriture et de l’oralité, à travers l’existence humaine. Le besoin de communiquer a toujours perduré et existé à travers différents canaux. La communication est le fondement même du savoir civilisationnel, et elle ne cesse de muter.

«C’est une continuité de l’histoire. Laisser des traces à travers l’écriture, la littérature, les symboles, le dessin, c’est écrire l’histoire ! Et plus récemment à travers Kotouf, les organisatrices font un focus sur le Sud Global et sa littérature. Une édition, qui, de plus, est organisée par des femmes qui écrivent». Rappelle la docteure en se référant aux femmes écrivaines longtemps pourchassées, invisibilisées, pendant des siècles, juste parce qu’elles écrivaient ou qu’elles osaient s’exprimer, souvent sous des noms masculins d’emprunt.

L’école sensibilise les élèves à l’appartenance, à l’identité et à leurs cultures. Souvent, ils appartiennent à une double culture. L’enseignement y est destiné pour les forger, en supprimant les notions eurocentrées. Un objectif qui rejoint la ligne du festival naissant en cours.     

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Focus ibadite et artistique 

Une visite à la mosquée Louta s’est déroulée dans le but de valoriser le patrimoine historique de l’île. La mosquée Louta (ou «Jemaa Louta ») est un des monuments historiques les plus attractifs de l’île. Elle est aussi appelée la «Mosquée souterraine» et se trouve entre Ajim et Houmet Souk.

Cet édifice religieux historique date probablement des XIIe ou XIIIe siècles. Partiellement enterré, il se distingue par son architecture discrète, sobre, construite avec deux coupoles émergeant du sol, avec un accès via un escalier raide. Appartenant à la tradition ibadite, la mosquée aurait servi de lieu de culte secret ou de refuge en temps de conflits. Bien, que désaffectée aujourd’hui, elle a été restaurée en 1990 puis en 2019, et fait désormais partie du patrimoine mondial de l’Unesco.

Le vernissage événement à Djerba a eu lieu dans la soirée du 16 octobre à l’Alliance Française de Djerba. «Berbérités, des origines aux influences » de Pierre Gassin est une exposition de 40 photographies qui tracent les cultures berbères du sud tunisien, leurs traditions, leur spiritualité et la manière dont ces héritages se sont transformés et mélangés, au fil du temps. Le photographe français, vivant à Kerkennah met en lumière, à travers ses prises, tout un patrimoine fait de symboles, de gestes du quotidien, de pratiques communautaires. L’exposition dure jusqu’au 16 novembre 2025. 

Photos de : Wided Zoghlami 

Pierre Gassin 

Groupe Scolaire Nouvelles Générations 

Auteur

La Presse