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Chkandali dénonce une mesure “dangereuse” et appelle à la supprimer du projet de loi de finances

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  • 3 novembre 12:35
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Chkandali dénonce une mesure “dangereuse” et appelle à la supprimer du projet de loi de finances

L’économiste et universitaire Ridha Chkandali a appelé à supprimer l’impôt sur la fortune prévu dans le projet de loi de finances 2026, estimant qu’il s’agit d’une mesure “dangereuse” susceptible de fragiliser l’économie tunisienne. Lors d’une rencontre tenue dimanche 2 novembre 2025 avec plusieurs députés, l’universitaire a mis en garde contre les effets pervers de cet impôt, qu’il juge “contre-productif” et “inadapté au contexte national”.

Selon lui, cette disposition risquerait d’encourager la fragmentation du patrimoine, de stimuler l’économie parallèle et de dissuader l’investissement, au moment où la Tunisie a besoin d’une relance fondée sur la production et la confiance fiscale.

Selon Chkandali, plusieurs pays ont abandonné cette mesure après l’avoir testée, en raison de ses effets pervers sur la structure du patrimoine et la fiscalité. “Cet impôt risque d’encourager la fragmentation des biens et de pousser les épargnants à transférer leurs capitaux vers l’économie parallèle”, a-t-il averti, ajoutant que le secteur informel, déjà renforcé par la nouvelle loi sur les chèques, verrait son poids s’alourdir en raison de l’augmentation du volume de liquidités circulant hors des circuits bancaires.

L’universitaire a aussi appelé à une fiscalité plus incitative et équitable, recommandant notamment un taux d’imposition dégressif sur les bénéfices des entreprises, afin d’encourager la déclaration réelle des profits et de réduire la fraude fiscale. Une telle mesure, estime-t-il, permettrait à l’État d’élargir l’assiette tout en favorisant la croissance économique.

Sur le plan macroéconomique, Chkandali a souligné que la conjoncture internationale de 2026 sera globalement favorable à la Tunisie, avec un recul attendu des prix du pétrole sous les 55 dollars le baril et une baisse des cours du blé tendre sous les 250 dollars la tonne. Toutefois, il a mis en garde contre la fragilité structurelle de la croissance nationale, reposant quasi exclusivement sur la consommation privée, tandis que l’investissement public, privé et les exportations demeurent faibles.

Pour remédier à cette situation, il a plaidé pour une loi de finances axée sur la relance du pouvoir d’achat, le soutien à l’agriculture et au tourisme, et la dynamisation des transferts des Tunisiens à l’étranger. Il a également proposé d’affecter une partie des emprunts directs de la Banque centrale de Tunisie à la Société tunisienne d’électricité et de gaz (STEG), afin de financer l’acquisition de panneaux photovoltaïques destinés aux ménages et aux entreprises. Cette mesure, selon lui, permettrait de réduire les factures énergétiques, de freiner l’inflation et de renforcer la stabilité du dinar.

Par ailleurs, Chkandali a recommandé la suppression du privilège de retraite anticipée accordé aux ministres, secrétaires d’État, chefs de gouvernement, gouverneurs et députés, estimant que “servir la nation est une responsabilité, non une récompense”. Il a appelé à un alignement des régimes de retraite des responsables politiques sur ceux des citoyens ordinaires, jugeant cette réforme symbolique essentielle pour rétablir la justice et soulager les caisses sociales.

Sur le plan social, il a dénoncé la cherté des médicaments et la multiplication des frais bancaires illégaux, appelant le Parlement à renforcer le contrôle de la Banque centrale. Enfin, il a insisté sur la nécessité de réduire progressivement l’imposition sur les pensions de retraite pour permettre aux retraités de vivre plus dignement.

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Auteur

Meriem KHDIMALLAH