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Rétrospective 2025 : Gaza, miroir de notre inhumanité…

  • 23 décembre 17:30
  • 5 min de lecture
Rétrospective 2025 : Gaza, miroir de notre inhumanité…

Par ces temps de basculement, où le fracas des bombes rivalise de sinistrose avec les dérèglements d’un climat en folie et les soubresauts d’une économie mondiale à bout de souffle, un nom ne cesse de hanter ce qu’il nous reste de conscience : Gaza. 2025 est, pour nos frères gazaouis, celle de tous les malheurs.

Entre les décombres et l’oubli, nos frères palestiniens ne subissent pas seulement une guerre; ils endurent encore le paroxysme de toutes les crises de ce début de siècle.

La Presse — Il est des moments dans l’histoire où le silence n’est plus une prudence, mais une complicité, voire une pleutrerie. Nous vivons l’un de ces moments. Le monde tel qu’il va serait le témoin de l’obsolescence des humains que nous sommes.

La planète Terre qui s’échauffe, des démocraties qui vacillent sous le poids des populismes, et cette économie de rente qui creuse chaque jour davantage le fossé entre le Nord et le Sud accélèrent le naufrage.

Mais au milieu de cette turbulence globale, il y a le pire : cette enclave de douleur où l’humain semble avoir été rayé de la carte des priorités internationales.

Une convergence de tragédies

À Gaza, la crise est totale. Sur le plan politique, l’impasse est absolue, nourrie par l’aveuglement des uns et l’impuissance calculée des autres.

Sur le plan climatique, alors que nous discourons dans des sommets feutrés, les populations déplacées s’entassent dans des abris de fortune, livrées aux intempéries d’un hiver qui ne fait aucun cadeau aux démunis.

Sur le plan humain, enfin, c’est une défaite collective. Comment peut-on parler de progrès ou de droit international quand une population entière est privée de l’essentiel : l’eau, le pain, la sécurité et, plus grave encore, l’espérance ?

Le poids de notre fraternité

Il est une évidence : Gaza n’est pas une île déconnectée du reste du monde. Ce qui s’y joue est le test ultime de notre solidarité.

Si nous acceptons que ce territoire et ses enfants torturés deviennent un angle mort de l’Histoire, alors nous acceptons, par extension, que n’importe lequel d’entre nous ou encore d’entre nos enfants puisse, demain, subir le même sort dans l’indifférence générale.

Les turbulences économiques qui agitent les Bourses mondiales paraissent bien futiles face au coût d’une vie humaine à Rafah ou à Khan Younes. La géopolitique, si elle ne sert qu’à compter les points et à peser les alliances, n’est que pur cynisme.

Dire non à la sauvagerie

Certes, le monde est complexe. Certes, les responsabilités sont partagées.

Mais l’urgence, elle, est binaire : on aide ou on regarde ailleurs. En ces temps de grandes incertitudes, penser à nos frères de Gaza, ce n’est pas seulement un acte de piété ou de charité.

C’est un acte de résistance contre la barbarie qui vient, contre une sauvagerie qui a atteint son dernier degré. C

’est affirmer que, malgré les tempêtes climatiques et les naufrages politiques, le lien qui nous unit à l’autre reste la seule boussole fiable.

Le réveil sera douloureux si nous laissons cette flamme s’éteindre. Car au bout du compte, ce n’est pas seulement Gaza que l’on bombarde, c’est l’idée même que nous nous faisions de la civilisation.

Gaza, un test pour la civilisation humaine

Les drames de Gaza s’inscrivent dans un monde déjà fragilisé. Les démocraties vacillent sous la pression des populismes.

Les fractures économiques entre le Nord et le Sud se creusent.

La tentation de repli gagne du terrain. Dans ce paysage instable, Gaza est devenue un angle mort, trop complexe pour mobiliser, trop sensible pour contraindre, trop éloignée pour déranger durablement.

Or, le silence n’est plus une prudence diplomatique. Il devient une forme de complicité passive. Parler de fraternité n’a ici rien de sentimental.

C’est une exigence politique et morale. Gaza est un test. Un test de cohérence pour le système international. Un test de crédibilité pour les institutions multilatérales.

Un test, enfin, pour des sociétés qui se réclament de l’universel tout en acceptant que certaines vies comptent moins que d’autres.

Penser Gaza aujourd’hui ne relève ni de l’émotion passagère ni de l’idéologie. C’est refuser la banalisation de l’inacceptable. Car ce qui se joue à Gaza ne concerne pas uniquement un territoire assiégé.

C’est l’idée même que nous nous faisons encore du droit, de la responsabilité et de la civilisation qui est mise à l’épreuve.

Auteur

Mohamed Hedi ABDELLAOUI