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Monde

Commentaire – Cessez-le-feu à Gaza : quelle crédibilité peut avoir un accord signé par Israël ?

  • 10 octobre 17:20
  • 6 min de lecture
Commentaire – Cessez-le-feu à Gaza : quelle crédibilité peut avoir un accord signé par Israël ?

La « version finale de la première phase » du plan du président américain Donald Trump pour mettre fin à la guerre à Gaza a été signée hier matin, en Égypte, par toutes les parties concernées, a fait savoir Shosh Bedrosian, porte-parole du bureau du Premier ministre sioniste dans un point de presse en ligne. Et un cessez-le feu devrait entrer en vigueur dans les 24 heures suivant l’approbation de l’accord par le cabinet de sécurité sioniste — un organe ministériel restreint —, lors d’une réunion prévue, hier, à 15h00 (heure tunisienne).

« La première phase est maintenant très claire : tous nos otages, vivants et décédés, seront libérés [au plus tard] 72 heures [après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu], ce qui nous amène à lundi », a précisé Mme Bedrosian.

Dans les 24 heures suivant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, l’armée d’occupation devrait se retirer de zones où elle est déployée, mais gardera le contrôle de 53% du territoire de la bande de Gaza, a également indiqué la porte-parole.

En outre, le gouvernement sioniste au complet devait se réunir, aussi, hier après-midi, à 16h00 (heure tunisienne) pour se faire présenter par le criminel de guerre Netanyahu les détails de l’accord.

Par ailleurs, malgré les menaces du ministre sioniste des Finances, Bezalel Smotrich, le gouvernement israélien devait se prononcer sur l’accord, mais son vote sur le sujet n’est qu’une « formalité après celui du cabinet de sécurité », selon un porte-parole du gouvernement sioniste. 

Nul doute qu’un tel accord annonçant la cessation des hostilités entre les belligérants de ce conflit sans fin est une bonne nouvelle pour la population de Gaza.

Toutefois, une éternelle question nous taraude : quelle crédibilité peut avoir un tel accord signé par l’entité sioniste ? Ce n’est ni la première fois ni la dernière qu’on redoute qu’un accord de trêve conclu avec l’entité sioniste ne vole en éclats à cause de cette dernière.

Pourquoi aller chercher si loin ce que nous avons si près de nous? La situation au Liban en est la meilleure illustration des fourberies de l’entité sioniste. 

En effet, au Pays du Cèdre, au mépris du cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre 2024 avec le Hezbollah, l’armée sioniste occupe toujours six positions au Liban-Sud et ses agressions contre des membres du mouvement chiite, principalement. mais aussi des civils, demeurent quotidiennes. 

Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a annoncé avant-hier avoir pu confirmer la mort de 103 civils entre novembre 2024 et fin septembre dernier sur le territoire libanais, tout en appelant à un arrêt immédiat des hostilités.

De son côté, l’armée libanaise ne cesse de dénoncer la poursuite des violations sionistes, qui selon elle dépassent « les 4 500 depuis l’entrée en vigueur de l’accord de cessez-le-feu ».

« L’ennemi sioniste continue ses attaques contre les citoyens (…) faisant des morts et des blessés », indique un communiqué de l’institution militaire rendu public le 18 septembre dernier. Toujours selon l’armée libanaise, « ces violations s’accompagnent d’atteintes répétées à la souveraineté libanaise sur terre, en mer et dans les airs ».

Les forces armées libanaises dénoncent, toujours dans ce cadre, des attaques « contre les habitants des villages frontaliers, notamment le lancement de bombes incendiaires et la destruction de maisons ». Elles précisent que « ces violations entravent le déploiement de l’armée dans le Sud et compromettront l’exécution de ses plans à partir de la zone au sud du Litani ».

En dépit de l’accord de cessez-le-feu qui a mis fin à plus de 13 mois de guerre, l’entité sioniste continue non seulement d’occuper plusieurs points au Liban-Sud, mais y mène aussi, ainsi que dans la Békaa, des raids aériens quasi journaliers, faisant plus de 300 tués, selon un décompte à partir de données du ministère libanais de la Santé. 

En revanche, depuis l’entrée en vigueur de la trêve, aucun décès n’a été signalé dans le nord de l’entité sioniste ou ailleurs suite à des tirs de projectiles en provenance du berceau de la civilisation phénicienne.

Il faut dire que la propagande sioniste trouve toujours des prétextes pour justifier ses viols multiples du cessez-le-feu dans le but de légitimer ses atteintes de la souveraineté libanaise.

L’ennemi dit viser des combattants et des infrastructures du Hezbollah, alors qu’en collaboration avec la Force intérimaire des Nations unies (Finul), l’armée libanaise œuvre sans relâche à démanteler l’arsenal du Hezbollah le long de la frontière, au sud du Litani, avant de passer à d’autres zones géographiques, conformément au plan qu’elles ont présenté au gouvernement début septembre.

D’ailleurs, les agressions sionistes ne s’arrêtent pas au niveau des frappes aériennes ou des raids de drones. Vendredi dernier, la Finul a affirmé dans un communiqué que l’armée israélienne avait lancé la veille (jeudi) « des grenades près des soldats de la paix (Casques bleus, NDLR) qui travaillaient aux côtés des soldats libanais pour assurer la sécurité des travailleurs civils », à Maroun al Ras, dans le Liban-Sud, appelant à cesser de telles attaques.

Alors doit-on espérer un respect total du cessez-le-feu à Gaza de la part d’un violeur multirécidiviste de trêves? Peut-on croire un seul instant que l’entité sioniste ne va pas piétiner cet accord comme c’est le cas au Liban? Quand le médiateur (l’administration Trump) est à la fois juge et partie (allié de l’entité sioniste), peut-on espérer une trêve solide et pérenne dans l’enclave palestinienne avec un belligérant sans foi ni loi?

On ne peut rester que dubitatifs devant les intentions d’un gouvernement sioniste va-t-en guerre et qui n’a jamais caché sa politique jusqu’au-boutiste et ses desseins suprémacistes à l’égard du peuple palestinien.

Auteur

La Presse