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Décrochage scolaire en Tunisie : entre chiffres alarmants et l’espoir de l’École de la deuxième chance : Pour un nouveau départ

  • 10 octobre 18:20
  • 5 min de lecture
Décrochage scolaire en Tunisie : entre chiffres alarmants et l’espoir de l’École de la deuxième chance : Pour un nouveau départ

Malgré le décrochage scolaire, les élèves qui ont quitté leur tablier scolaire veulent bien croire aux autres voies qui leur sont proposées, à commencer par l’école de la deuxième chance.

En effet, plus de 4.000 bénéficiaires ont été accueillis par ce programme depuis 2021. Une voie à creuser et à généraliser dans le pays, surtout lorsque des résultats et des succès sont obtenus au bout…

La Presse — Malgré un taux de scolarisation en amélioration, atteignant 97,3 %, le système éducatif tunisien fait face à une ombre persistante: le décrochage scolaire. Selon les dernières statistiques de l’Institut national de la statistique (INS), le phénomène est en hausse, nécessitant une réforme urgente du système pédagogique.

L’ampleur du phénomène : des chiffres qui interpellent

Si le taux de scolarisation est encourageant, les chiffres du décrochage chez les jeunes sont alarmants. Le premier recensement de l’INS révèle que 4,5 % de la tranche d’âge obligatoire (6-16 ans) a quitté le système éducatif. Dans ce groupe, 3,5 % ont abandonné prématurément leurs études. Les gouvernorats de Kairouan, Mahdia et Kasserine sont les plus touchés, enregistrant un pourcentage d’abandon scolaire supérieur à 6% pour cette catégorie d’âge. Par ailleurs, 3,2 % des 6-16 ans, dont 2% des enfants de 16 ans, sont exclus de tout dispositif d’éducation, de formation ou de soins spécialisés.

Les témoignages recueillis auprès de jeunes réfractaires illustrent la déception et l’errance : «J’étudiais, mais j’ai suivi mon ami après qu’il a abandonné le programme» ; «J’ai arrêté les études, en espérant trouver autre chose».  «J’ai recommencé plusieurs fois, parce que je n’ai pas étudié. »

Selon le surveillant général expert en éducation, Tijani Gmati, des dizaines de milliers de jeunes entre 12 et 18 ans ne figurent dans aucun établissement d’enseignement public ou privé ou centre de formation, un constat qu’il qualifie de choquant.

Un système éducatif à revoir en profondeur

Les spécialistes s’accordent à dire que le problème majeur réside dans le système éducatif lui-même, hérité des années 1960. Un système qui peine à s’adapter à un monde en pleine mutation, marqué par la numérisation et l’évolution des moyens pédagogiques. Pour endiguer le fléau du décrochage, les experts soulignent la nécessité d’une réforme commune et applicable, loin des discussions occasionnelles.

Une des pistes de réforme importantes est de rendre l’école plus attractive pour les élèves et de revoir en profondeur les horaires et programmes éducatifs. Une vision participative, impliquant les parents et l’élève lui-même, est également jugée essentielle.

En outre, l’un des nombreux mécanismes mis en place par le ministère de l’Éducation nationale pour réduire le décrochage scolaire, c’est l’École de la deuxième chance. Le deuxième mécanisme est un mécanisme de réinsertion ultérieure. Pour le soutien scolaire, le programme de rattrapage scolaire mis en place s’adresse aux élèves absents depuis longtemps.

Pour son déploiement, ce dernier peut compter sur des établissements d’enseignement similaires à l’école. La deuxième chance est destinée aux élèves ayant abandonné leurs études. La question de la révision des horaires scolaires et des programmes éducatifs demeure. L’une des réformes les plus importantes du système éducatif est de faire de l’école un environnement attractif pour les élèves.

L’école de la deuxième chance : une lueur d’espoir

Face à l’urgence, le ministère de l’Éducation a progressé dans son plan de réforme, notamment avec le lancement du projet de l’école de la deuxième chance. Cette initiative est un des mécanismes phares visant à réduire le décrochage scolaire en proposant une voie de réinsertion sociale, éducative et économique aux jeunes qui ont abandonné l’école.

L’école de la deuxième chance est un établissement qui s’adresse aux décrocheurs entre 12 et 18 ans. Elle leur propose des programmes ciblés et bien pensés, dispensés par des spécialistes, axés sur le soutien psychologique et vital : des activités et des ateliers de développement des compétences ; la préparation à la formation professionnelle ou au retour à l’école.

Ce projet national est mené en collaboration avec le ministère des Affaires sociales et le ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi. Plus de 4.000 bénéficiaires ont été accueillis par ce programme depuis 2021. L’initiative est perçue comme une «lueur d’espoir» pour les jeunes qui pensaient que leurs portes étaient closes, leur offrant une nouvelle chance de «redessiner leurs rêves».

Perspectives d’avenir

L’école de la seconde chance de Bab El Khadra est considérée comme l’école mère, un premier noyau du projet. L’initiative est en voie d’expansion, avec l’ouverture imminente d’une nouvelle antenne régionale à Béja, et la construction de deux autres antennes dans les gouvernorats de Nabeul et de Mahdia. L’objectif final est la généralisation de l’école de la deuxième chance dans tous les gouvernorats de la République tunisienne, offrant ainsi un nouveau départ à tous les jeunes décrocheurs.

Le défi reste de taille, mais les réformes engagées et l’approche novatrice de l’école de la deuxième chance ouvrent des voies nouvelles pour l’avenir des jeunes Tunisiens.

 

Auteur

La Presse