Enquête BEI-UE : Quand les PME peinent à financer leur essor
L’importance représentée par les Petites et moyennes entreprises dans l’économie nationale, que ce soit en termes d’emploi, d’innovation ou de création de richesse, amène à porter une attention particulière aux conditions dans lesquelles s’opère le financement de leur création et de leur développement.
La Presse — Les difficultés de financement des PME constituent une préoccupation majeure et prennent une dimension très importante dans la mesure où elles constituent des obstacles à leur développement ou à leur survie.
La spécificité de ces entreprises limite, en effet, leur accès aux différentes sources de financement et les rend plus dépendantes d’un seul mode de financement qui pourrait être insuffisant pour couvrir leurs besoins.
Les petites et moyennes entreprises en Tunisie représentent le moteur de l’économie, générant emplois, innovation et intégration dans les chaînes de valeur mondiales dans des secteurs stratégiques. Mais l’accès limité au financement et les conditions bancaires rigides freinent leur développement et leur internationalisation.
L’accès des PME au financement demeure un obstacle majeur, révélant un paradoxe inquiétant pour un tissu entrepreneurial pourtant dynamique. Une enquête menée par la Banque européenne d’investissement (BEI) dans le cadre du « Trade and Competitiveness Programme » (TCP), cofinancé par l’Union européenne, met en lumière les contraintes structurantes entravant le développement des PME, leur croissance…
Le financement bancaire sollicité
Aujourd’hui, les PME continuent à prendre davantage de place dans l’activité économique du pays et leur rôle est de plus en plus palpable avec les innovations.
Cependant, leur implantation dans l’économie reste à encourager, et ce, à travers différents dispositifs d’aide et d’accompagnement, en offrant divers produits et services, dont les financements bancaires, plus spécialement l’aide par crédit bancaire.
Le financement bancaire est devenu de plus en plus sollicité, notamment par ces entreprises qui cherchent des remèdes à l’autofinancement.
La banque et la PME, deux acteurs importants dans l’économie, des acteurs intimement liés. La place de la PME ne peut être floutée, ni celle de la banque.
En effet, le financement bancaire, bien qu’il soit la seule source de financement disponible en faveur des PME, reste quant à lui faible, en raison du risque de défaut important associé à ces entreprises et de l’insuffisance d’actifs négociables pouvant servir de garanties pour obtenir du financement.
Bien qu’ils demeurent un important levier financier, les prêts sont souvent trop peu nombreux pour combler les besoins de ces entrepreneurs aux premiers stades du développement de leurs entreprises. Par ailleurs, l’enquête montre que près de 35 % des PME tunisiennes considèrent que la difficulté à accéder au crédit limite directement leur capacité à exporter et que 45 % d’entre elles, qui parviennent à exporter, le font à une échelle limitée, faute de ressources pour respecter les normes internationales, étoffer leur réseau logistique ou investir dans la prospection commerciale.
Les garanties, encore et toujours !
L’enquête, qui a sollicité 150 dirigeants de PME opérant dans des secteurs clés comme l’industrie automobile, l’agro-industrie et le textile, indique que « toutes les PME ne disposent pas des mêmes opportunités d’accès au crédit : 44 % des dirigeants ont obtenu un prêt auprès d’une institution financière, 15 % se sont vu refuser, et 38 % recourent à des sources informelles, telles que proches, amis ou réseaux personnels ».
Il en ressort que seulement 3 % des responsables de PME n’ont jamais sollicité de financement, ce qui témoigne du besoin urgent d’un soutien financier extérieur pour assurer leur croissance. L’étude indique que les PME et TPE, qui représentent 95 % du tissu entrepreneurial tunisien, font face à des conditions de prêt dissuasives, notamment des taux d’intérêt peu avantageux (82 %), des garanties trop exigeantes (52 %) et des procédures administratives complexes (53 %).
C’est dire que l’accès au financement bancaire des PME reste tributaire des garanties réelles qu’elles peuvent présenter et puisque l’Economie nationale mise sur le dynamisme des PME, l’intervention de l’Etat pour pallier les problèmes de financement s’avère indispensable, et ce, à travers la mise en place d’un système et de mécanismes de garantie.
Les PME tunisiennes sont confrontées à de nombreux défis, mais avec les bonnes stratégies et les bons outils, il est possible de les surmonter, de prospérer, d’améliorer la rentabilité et de positionner ces entreprises pour une croissance durable dans le marché compétitif de la Tunisie.
Najoua HIZAOUI