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Impôt sur la fortune : Chkandali craint un exode des capitaux vers le marché noir

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  • 9 novembre 11:25
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Impôt sur la fortune : Chkandali craint un exode des capitaux vers le marché noir

Ridha Chkandali, expert économique tunisien, a publié dimanche 9 novembre 2025 sur sa page officielle Facebook une mise en garde ferme concernant le projet de loi de finances 2026 et son volet relatif à l’impôt sur la fortune, estimant que celui-ci pourrait fragiliser l’épargne nationale, accentuer le recours à l’économie parallèle et fragiliser la liquidité bancaire.

Le projet prévoit l’instauration d’un impôt sur la fortune immobilière et mobilière, à raison de 0,5 % sur les biens dont la valeur se situe entre 3 millions et 5 millions de dinars et de 1 % sur les biens dépassant 5 millions de dinars. Cette taxation concernerait les biens immobiliers, les biens mobiliers, les dépôts bancaires, les valeurs mobilières et autres actifs financiers appartenant aux personnes physiques ou à leurs enfants mineurs sous leur tutelle.

Toutefois, certaines catégories sont exonérées : le logement principal et son mobilier, les biens immobiliers affectés à un usage professionnel, les actifs commerciaux effectivement exploités, ainsi que les véhicules non utilitaires de 12 CV fiscaux ou moins. La base imposable sera calculée sur les gains nets après déduction des dettes afférentes aux biens.

Pour ce qui est des fonds déposés dans les banques et institutions financières, l’État pourra accéder à toutes les informations des comptes via le système LICOBA, permettant un suivi périodique et précis de tous les mouvements financiers et l’identification des titulaires des comptes.

Chkandali avertit que ce dispositif, combiné à la surveillance bancaire stricte, pourrait instaurer un climat de peur chez les investisseurs, conduisant à une réduction des dépôts bancaires et au transfert de fonds vers l’économie parallèle, étant donné l’absence de plafond pour les transactions en espèces.

L’expert souligne en outre que la situation est aggravée par le taux d’épargne nationale en forte chute, passant de 21 % du PIB en 2010 à seulement 4,7 % en 2024, le niveau le plus faible depuis l’indépendance. Selon lui, cette loi pourrait réduire la capacité des banques à prêter au secteur privé et financer les investisseurs, et amplifier le recours à l’emprunt direct auprès de la Banque centrale à hauteur de 11 milliards de dinars, aggravant encore la crise de liquidité.

Ridha Chkandali rappelle l’expérience de la nouvelle réglementation des chèques, qui avait favorisé l’économie parallèle et l’augmentation des transactions en espèces, et prévient que la répétition d’un tel scénario avec la loi sur la fortune serait catastrophique pour l’économie nationale. “L’adoption de ce projet de loi, c’est comme se boucher les yeux avec le doigt. Il faut tirer les leçons du passé et éviter de reproduire les erreurs”, a-t-il averti.

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Auteur

La Presse