Commentaire – Gaza sous pression : clans armés, rivalités et ingérences
Dans un paysage politique éclaté et un territoire à la fois assiégé et meurtri par plus de deux ans de guerre, l’affaiblissement des factions de la résistance palestinienne à Gaza a laissé place à la proliférations de vendus, de collaborateurs avec l’ennemi et de traîtres parmi les milices armées et les gangs de criminels hostiles au mouvement militant palestinien Hamas.
Par exemple, à Kizan al-Najjar, un village quasi déserté au sud de Khan Younès, dans le Sud de l’enclave, Hossam al-Astal, ancien officier de l’Autorité palestinienne, a proclamé la création d’une milice baptisée «Force de frappe antiterroriste» (FFA) inféodée aux sombres desseins de l’armé d’occupation.
Et les FFA ne sont pas seuls. À Rafah, le long de la frontière avec l’Égypte, les «Forces populaires» d’Yasser Abou Shabab (tué le mois dernier dans des circonstances troubles près de Rafah, dans le Sud de l’enclave, NDLR), issus de la grande tribu bédouine des Tarabin, ne cachent pas leur alliance avec les forces israéliennes.
D’autres clans, comme les Barbakh — puissant clan dans la région de Khan Younès—, les Khalas à Gaza-ville, au Nord de l’enclave, les Al-Mansi à l’Est de Gaza, les Hellis au Nord du territoire, les Abou Ziyad (basés à Zawaïda), les Khanidak à Khan Younès ou les Doghmouch à Sabra, dont est issu le groupe djihadiste Jaïch al-Islam. Toute cette constellation de familles et de gangs sont régulièrement cités pour leur opposition au Hamas et selon plusieurs sources, ils sont soutenus implicitement par des forces étrangères et voire carrément financés par l’entité sioniste pour contester l’autorité du Hamas.
Par ailleurs, ces groupes sont accusés par plusieurs observateurs internationaux, par l’ONU et la population locale de contribuer au pillage de l’aide humanitaire, dont l’entrée est contrôlée par l’armée sioniste.
Et aux dernières nouvelles, une nouvelle milice de collaborateurs baptisée « Forces de l’armée populaire de la patrie libre » vient de pointer le nez, dont le leader, un certain Choukri Abou Nassira (ancien membre des services de sécurité de l’Autorité palestinienne et condamné à cinq peines de prison à perpétuité (après son arrestation par l’entité sioniste en 1984, NDLR) a déclaré éhontément sur la chaîne sioniste de droite Channel 14 que son groupe reçoit un soutien direct du gouvernement sioniste en «armes, nourriture, boissons et vêtements». « Nous avons une coordination sécuritaire au plus haut niveau », a-t-il fait savoir.
Créées en novembre dernier, selon des observateurs de la guerre à Gaza sur les réseaux sociaux, les miliciens d’Abou Nassira opèrent près de Khan Younès, dans le Sud de l’enclave, dans des secteurs placés sous contrôle sioniste, à l’Est de ce qui est désormais appelé la «Ligne jaune».
Outre son association au réseau criminel de Yasser Abou Chabab ou au gang dirigé par le criminel Shadi Al-Soufi, Abou Nassira aurait également des liens avec un mercenaire du nom d’Achraf al-Mansi (porte-drapeau du clan Al-Mansi), chef de «L‘armée populaire – force du Nord», l’une des milices indépendantes du Hamas qui bénéficieraient de l’appui de l’entité sioniste.
Il faut dire que le gouvernement d’extrême droite sionite s’est rapproché de ce ramassis de criminels ou djihadistes pour non seulement combattre le Hamas et ses alliés pendant la guerre de Gaza, mais aussi pour écarter l’Autorité palestinienne de la gouvernance de Gaza par crainte qu’elle ne relance la «solution à deux États », une hypothèse fermement combattue par les figures suprémacistes de l’Exécutif sioniste à l’instar du sulfureux ministre sioniste de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, et son frère d’arme, le ministre des Finances Bezalel Smotrich.
En parrainant le crime organisé et le djihadisme, Netanyahu et ses alliés veulent exposer les Gazaouis aux affres d’une spirale de violence sans fin pour justifier l’incapacité du mouvement de la résistance palestinienne à instaurer l’ordre et la cohésion sociale dans le territoire. En disséminant leurs sbires pour semer le chaos et l’insécurité dans bande de Gaza, l’armée d’occuation joue clairement — à fond — la carte du dicton «diviser pour régner».
Malgré les millions de Shekels dépensés en faveur de ces salauds, les structures, la force de frappe ainsi que le degré de nuisance de ces vassaux de Tel-Aviv restent limités. Selon plusieurs estimations relayées par les médias sionistes, les factions de la résistance palestinienne, essentiellement le Hamas, conservent près de 2.500 combattants rien qu’à Gaza-City, tandis que les relais locaux de l’entité sioniste et ses larbins ne rassemblent que quelques centaines d’hommes. Toute la différence est là !