Mes Humeurs : L’architecte qui a réinventé les courbes du monde
La Presse — Dans l’univers de l’architecture, à part les professionnels, il y a peu de gens qui retiennent les noms des créateurs, des innovateurs, parmi les plus connus de la discipline, il y a Le Corbusier qui avait une approche novatrice fondée sur les plans libres et qui a durablement transformé la manière d’habiter et de penser la ville (il a notamment construit en 1928 la villa Baiseau à Carthage); il y a l’Irako-britannique Zaha Hadid, première femme lauréate du prix Pritzker, l’équivalent du Nobel en architecture. Zaha a ouvert la voie à une architecture résolument visionnaire et internationale.
Et il y a le sujet de cette Humeur, Franck Gehry.
Toutes les revues spécialisées et les médias ont salué le génie de l’architecture moderne, disparu le 5 de ce mois, rappelaient ses réalisations en insistant, avec force détails, sur leurs aspects exceptionnels.
Gehry a créé l’une des œuvres architecturales les plus audacieuses et influentes ; visionnaire inclassable, artisan du verre et des formes déstructurées, il aura redéfini la manière dont les villes racontent leur horizon.
Né en 1929 à Toronto et naturalisé américain, Gehry s’impose dès les années 1970 comme une voix dissidente dans un paysage dominé par les lignes droites du modernisme.
Son style tout en courbes, qualifié plus tard de «déconstructiviste», rompt avec la rigidité géométrique ambiante.
Les volumes de ses bâtiments sont reconnaissables : surfaces pliées comme des voiles et éclats métalliques captant la lumière.
A l’opposé de l’architecture fonctionnelle ( représentée par Le Corbusier) qui privilégie l’efficacité des espaces, ses constructions ne se contentent pas d’abriter des fonctions ; elles créent des expériences.
Le tournant majeur de sa carrière et qui fait de lui une vedette reste le musée Guggenheim de Bilbao (Espagne) inauguré en 1997.
Monument de titane devenu symbole de renaissance urbaine, il a propulsé la ville basque au rang de destination culturelle internationale.
Ce «miracle de Bilbao» a fait de Gehry un architecte mondialement reconnu et a marqué l’histoire en montrant qu’un bâtiment peut transformer une économie locale.
Parmi ses réalisations emblématiques, les spécialistes mettent en relief la Fondation Louis Vuitton, au Jardin d’Acclimatation à Paris, et surtout le Musée d’art contemporain de la Fondation Guggenheim d’Abou-Dhabi en cours de construction sur l’île de Saadiyat, à proximité du Musée du Louvre émirati (construit par Jean Nouvel). Franck Gehry, titulaire en 1989 du prix Pritzker, qui vient de décéder, laisse derrière lui une image d’un créateur de bâtiments hors normes.
