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Editorial

Les mineurs cassent, les parents absents

  • 3 novembre 10:18
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Les mineurs cassent, les parents absents

Encore une nuit de vandalisme, encore un métro brisé, encore un bus pris pour cible. La Société des transports de Tunis a beau multiplier les réparations, les vitres des wagons se fendent au même rythme que le sens civique s’effrite.

Le PDG de la Transtu a confirmé il y a deux jours que les agresseurs sont des adolescents, âgés de 15 à 20 ans. Et l’on voudrait presque ajouter, avec une amertume lasse : «comme toujours».

Mais une question s’impose, aussi simple que dérangeante : où sont les parents ?

Où sont ces pères et mères censés veiller à ce que leurs enfants dorment à l’heure où les métros cessent de circuler ? Pourquoi la justice, prompte à sanctionner l’acte, ne s’interroge-t-elle jamais sur l’absence coupable de ceux qui, par négligence ou indifférence, laissent la rue éduquer leurs enfants ?

Ces actes se produisent souvent à des heures nocturnes — les mêmes où les feuilletons ramadanesques tiennent le pays en haleine, pendant que des bandes d’adolescents s’adonnent à leurs «aventures urbaines» dans l’impunité la plus totale.

Il serait temps de rappeler qu’un mineur, livré à lui-même dans la rue à minuit, n’est pas un phénomène culturel, mais un manquement parental.

Dans plusieurs pays développés, cette responsabilité n’est pas théorique : elle est juridique.

 En effet, la loi prévoit des sanctions financières ou pénales contre les parents d’adolescents délinquants. Un mineur brise un abribus ? Ses parents remboursent.

Un adolescent commet une agression ? Ses parents sont convoqués, entendus, parfois condamnés pour négligence. Le message est clair : éduquer est un devoir, pas une option.

Il ne s’agit pas de criminaliser la pauvreté ni de charger les familles déjà fragiles. Il s’agit de rétablir un lien de responsabilité directe entre l’acte et l’autorité parentale.

Car l’adolescence n’est pas une excuse quand elle devient une arme contre la société.

La Tunisie, qui aspire à réformer ses lois, pourrait s’inspirer de ces exemples. Nos tribunaux gagneraient à convoquer non seulement les auteurs, mais aussi leurs tuteurs légaux — non pas pour punir aveuglément, mais pour réintroduire la notion d’exemplarité dans un monde où les écrans veillent mieux que les parents.

Un État moderne ne se contente pas d’arrêter les jeunes casseurs : il interroge ce qui, chez eux, s’est brisé avant les vitres des métros. Et parfois, la fissure commence à la maison.

Auteur

Salem Trabelsi