Les produits de terroir occupent une place singulière en Tunisie : ils sont à la fois moteurs de développement local, leviers d’inclusion et véritables ambassadeurs du pays à l’international. Pourtant, derrière cette vitrine valorisante, le système de commercialisation révèle encore de nombreuses fragilités, marquées par des dysfonctionnements organisationnels et fonctionnels qui freinent leur plein essor.
La Presse — La commercialisation constitue l’un des maillons essentiels de la chaîne de production agricole. Elle joue un rôle déterminant, notamment parce qu’elle conditionne directement l’amélioration des revenus des agriculteurs et, plus largement, la valorisation de leur travail.
En tant que réceptacle de la chaîne des valeurs, la commercialisation fait appel, de l’amont à l’aval, aux différents intervenants, à savoir les producteurs-agriculteurs, les commerçants, les intermédiaires, le consommateur et l’Etat-départements ministériels concernés.
Par conséquent, elle a deux grands objectifs, à savoir répondre aux besoins en quantité et en qualité des consommateurs et générer des profits à tous les intervenants tout au long de la filière agricole.
Pour les professionnels du secteur, la commercialisation ne doit pas être réduite à un simple transfert d’un produit agricole du producteur au consommateur, mais être inscrite dans un ensemble cohérent d’activités allant de la production, la récolte, le transport, le stockage, la distribution jusqu’à la vente.
La réussite du processus de commercialisation d’un produit est tributaire également de l’intégration des exigences et droits légitimes du consommateur en termes de qualité et normes de sécurité sanitaire des aliments.
Pour renforcer les performances de ses filières de production et d’exportation, telles que les dattes et l’huile d’olive extra vierge — deux produits phares qui jouent un rôle crucial dans les exportations agricoles du pays — le gouvernement a mis en place un plan exceptionnel visant à encadrer et faciliter la distribution des produits agricoles stratégiques, notamment les dattes, les olives, les pommes, les agrumes et les grenades.
Un plan ciblant aussi les producteurs qui font face à des défis majeurs liés au transport, au stockage et à la commercialisation de ces produits, ce qui engendre des pertes post-récolte importantes ainsi qu’une instabilité des prix sur le marché.
Valoriser la récolte nationale
Des mesures ont été annoncées par l’exécutif ayant pour objectif principal de soutenir les petits exploitants agricoles en réduisant les coûts logistiques qui pèsent lourdement sur leurs revenus. Elles visent également à valoriser la récolte nationale en limitant les pertes liées au stockage et au transport, tout en stabilisant l’approvisionnement du marché intérieur afin d’assurer des prix accessibles aux consommateurs.
Par ailleurs, un encadrement strict des circuits de distribution est mis en place pour préserver la qualité des productions et garantir leur traçabilité.
Ce plan, conçu conjointement par plusieurs ministères dont ceux de l’Agriculture, du Commerce, de l’Intérieur et des Finances, comprend plusieurs actions clés destinées à améliorer la chaîne logistique agricole. Parmi ces actions, « la simplification des procédures de transport des produits agricoles frais permet d’obtenir des autorisations accélérées pour les producteurs et les coopératives, facilitant ainsi la circulation des marchandises.
Un encadrement rigoureux du stockage est également instauré pour réduire les pertes post-récolte et garantir une conservation optimale des récoltes. La supervision renforcée des circuits de distribution vise à éviter les pratiques spéculatives et à assurer une meilleure fluidité du marché ».
De plus, la facilitation de la vente directe des agriculteurs vers les marchés locaux et régionaux permet de réduire le rôle des intermédiaires, augmentant ainsi les marges des producteurs.
Impact sur la filière des dattes et l’huile d’olive
La commercialisation des dattes est souvent freinée par des problèmes logistiques qui limitent leur accès aux marchés internationaux. Grâce aux nouvelles mesures, « une meilleure organisation des exportations vers l’Europe, le Moyen-Orient et l’Asie est attendue, ce qui devrait permettre d’augmenter les volumes exportés ».
Selon les professionnels, la réduction significative des pertes post-récolte, estimées à plusieurs milliers de tonnes chaque année, contribuera à améliorer les revenus des producteurs. La distribution plus fluide et la stabilisation des prix renforceront la compétitivité des dattes tunisiennes sur le marché mondial.
En ce qui concerne l’huile d’olive, des mesures exceptionnelles visent à garantir un approvisionnement régulier des huileries, condition essentielle pour maintenir la qualité et la quantité de production. Elles permettent également d’améliorer la traçabilité des produits exportés.
Les consommateurs peuvent ainsi accéder à des produits locaux de qualité à des prix abordables, grâce à la réduction des fluctuations des prix liées aux problèmes de distribution.
Défis à relever
Plusieurs défis restent à relever pour garantir la réussite de ces mesures. La modernisation des infrastructures logistiques, notamment les routes, les entrepôts et les chaînes de froid, demeure une priorité pour améliorer la qualité de la distribution.
Ces mesures exceptionnelles représentent une étape clé dans la gestion et la distribution des produits agricoles en Tunisie.
En ciblant les dattes et les olives, piliers de l’économie nationale, le gouvernement vise à protéger les petits exploitants, stabiliser le marché intérieur et renforcer les exportations. « Une mise en œuvre efficace de ces mesures pourrait transformer durablement les circuits de distribution et améliorer la compétitivité des produits agricoles tunisiens.